Tadjikistan, La route du Pamir. De Douchanbé à Zong.

Drapeau du Tadjikistan.

Le Tadjikistan.

La Route du Pamir.

Situation géographique.

Le Tadjikistan est un pays montagneux d'Asie centrale, sans accès à la mer. Sa capitale est Douchanbé.

Il est limitrophe du Kirghizistan au nord-nord-est, de la Chine à l'est, de l'Afghanistan au sud-sud-ouest et de l'Ouzbékistan à l'ouest.

C'est le seul État issu de l'ancienne Asie centrale soviétique où la langue dominante n'est pas une langue turcique mais perse, le tadjik parlé en Iran et au Tadjikistan. Les Tadjiks, qui forment le groupe ethnique majoritaire (84 % de la population), appartiennent à la famille des peuples iraniens. Dans le nord du pays, on retrouve des kirghiz.

Les frontières actuelles du Tadjikistan remontent à la création de la République socialiste soviétique (RSS) du Tadjikistan en 1929 au sein de l'Union soviétique, par séparation de la République socialiste soviétique autonome (RSSA) du Tadjikistan initialement créée au sein de la RSS d'Ouzbékistan.

L'éclatement de l'URSS en 1991 entraîna la naissance d'un État tadjik indépendant, à l'instar de toutes les autres républiques socialistes soviétiques.

La guerre civile qui s'ensuivit dura de 1992 jusqu'en 1997. Aujourd'hui encore, les conséquences en sont sensibles, et le Tadjikistan reste l'État le plus pauvre de l'ex-URSS, malgré une croissance soutenue et des richesses naturelles importantes mais encore peu exploitées (potentiels hydroélectrique, agricole, touristique).

Depuis 1994, le pays est dirigé par le président Emomali Rahmon, sous lequel le respect des droits de l'homme reste une question problématique. Mais il a su négocier une paie civile et le pays est maintenant apaisé et sûr. Son portrait est affiché sur tous les bâtiments publics.

Notre parcours.

Il existe plusieurs « Route du Pamir ». La route M41 est une route qui traverse le massif du Pamir en Asie centrale. Longue de 1 252 kilomètres, elle relie Och au Kirghizistan au nord-est à Mazar-e-Sharif en Afghanistan au sud-ouest en passant par le Tadjikistan et l’est de l’Ouzbékistan. Elle a été créée par les Soviétiques en 1932, à l'époque de Staline.

Nous partons de Douchanbé par la M41, puis nous emprunterons la route qui longe la frontière afghane à partir de Khorog car beaucoup plus belle avec ses paysages de montagnes en longeant la rivière Panj et ses gorges étroites. A Khargush nous quittons la vallée de la Panj pour emprunter la vallée de la rivière Pamir et aller au nord en direction du lac Karakul.

A partir Karakul, nous revenons par la piste de la vallée du Bartang traversant le Plateau d'altitude du Pamir jusqu'à Rouchan. Nous avons parcouru environ 2300 km.

Nous avons conçu ce voyage en collaboration avec une agence ouzbek. Nous avions rencontré le directeur de cette agence, Sherzod, en Ouzbékistan lorsqu'il accompagnait un groupe de français.

Vous pouvez nous envoyer vos demandes de renseignements, commentaires, en cliquant sur ce lien qui renvoie au formulaire de contact pour nos voyages. Alors, n'hésitez pas !

Douchanbé.

Nous prenons un vol Marseille - Istanbul puis, après une escale de trois heures, un second vol Istanbul - Douchanbé où nous arrivons vers les 1 heures du matin. Passage par la police des frontières et nous retrouvons notre guide et notre chauffeur qui nous conduisent à notre hôtel.

Courte nuit puis Feruza, notre guide, nous emmène visiter la ville avec les principaux monuments, le marché couvert, le parc Rudaki. Déjeuner au restaurant puis nous visitons le Musée National des Antiquités retraçant les découvertes lors des fouilles du pays, de la préhistoire jusqu’aux périodes antiques. De très belles fresques découvertes à Panjikent (VIe-VIIe siècle), statuettes, bijoux et un immense Bouddha couché, le clou de la visite pour nous. Feruza est la Conservatrice du Musée de Pandjikent, nous pourrons donc compter sur elle lors des visites des sites historiques.

Le reste de la journée est libre, nous rentrons à l’hôtel à pied tout en traversant et visitant la ville. Pas vraiment de centre historique, énormément de constructions nouvelles la plupart du temps au détriment des vieux quartiers. Il y a des construction de partout !

Nous retrouvons Feruza et Nios, notre chauffeur, pour dîner au resto avant de rentrer à l’hôtel. Repas sympathique en terrasse, nous dégustons un Korutob et un Palov.

Kalaikhum.

Tadjikistan, Lac Nourek.

Nous rentrons dans le vif du sujet en empruntant la M41, la route du Pamir. Douchanbé étant à environ 800 m d’altitude, nous empruntons une route pour un col à presque 2000 m d’altitude et passons par le lac Nourek, un lac artificiel alimentant une usine hydroélectrique. Le barrage Rogoun en construction en amont de la rivière Vakhch, équipé d’une centrale hydroélectrique devrait fournir, à terme en 2025, 80% de l’électricité au pays et pouvoir en exporter vers l’Afghanistan et le Pakistan.

Déjeuner à Kulob puis nous empruntons la portion de la route du Pamir qui longe la frontière avec l’Afghanistan et qui longe la rivière Panj. Le long de la route nous croisons des patrouilles de militaires et des murets pour s'abriter des tirs de la rive afghane ... pas très rassurant. Des garnisons sont implantées régulièrement le long de la frontière.

Tadjikistan, peu après Chilishtak.

Nous trouvons les paysages somptueux même si Feruza nous dit que plus loin ils sont encore plus beaux. Vallée étroite, sommets enneigés, nous suivons la rivière Panj aux eaux tumultueuses et passons de nombreux postes de police où nos visas et autorisations pour le Pamir seront contrôlés, quand ce n’est pas la police de la route qui contrôle notre chauffeur.

Nous arrivons en fin d’après-midi, après 8 heures de route, dans la localité de Kalaikhum et nous nous installons au Karon Palace.

Cette petite bourgade vit essentiellement du tourisme vu le nombre impressionnant d'hôtels. C’est une étape bien pratique sur la longue route qui nous attend. Balade dans la rue principale, exploration vite fait des alentours, puis dîner avec nos guide et chauffeur en terrasse au bord du torrent déchaîné.

Tadjikistan, aux alentours de Anjirob i bolo.

Khorog.

Étape difficile aujourd'hui ! Pour passer avant que les travaux de la route ne débutent, nous démarrons à 4h30. Mais, hélas, alors que nous pensions qu’ils débutaient à 8 heures, il est 7h30 et la route est déjà bloquée par une pelleteuse. Nous patienterons près de deux heures avant de pouvoir repartir. Une petite balade pour se dégourdir les jambes puis nous repartons pour être arrêtés quelques kilomètres plus loin une bonne heure. Nous finissons enfin par arriver à Khorog. Les travaux routiers sont sous la direction de contre-maîtres chinois. La Chine construit beaucoup au Tadjikistan.

Nous avons tout du long longé la rivière Panj, toujours aussi tumultueuse. Ce n’est que quelques kilomètres avant Khorog qu’elle s’étale dans la vallée devenue bien plus large et ressemble un lac aux eaux apaisées.

Durant notre traversée, la vallée du Panj est toujours aussi étroite, les cimes parfois enneigés des montagnes nous dominent, avec en dessous de beaux alpages vert tendre. Même si beaucoup d’eau coule dans la Panj, les versants sont souvent désertiques, rien ne pousse, pas un arbre, seules quelques parcelles cultivées sont vertes car irriguées. Les alpages sont plus en altitude ou lorsque les pentes sont plus douces.

Tadjikistan, La route du Pamir. Vallée de la Panj.

Nous longeons toujours la frontière afghane où une piste suit la vallée, parallèle à la notre. Nous verrons quelques villages entourés de verdures, de nombreuses rivières descendant des vallées latérales pour irriguer les cultures et les villages. Peu de véhicules en face, des marcheurs, mobylettes, des ânes, parfois un 4X4.

Partis de Kalaikhum à 1200 m, nous montons progressivement jusqu’à 2000 m à notre arrivée à Khorog. Nous aurons mis 12 heures pour y parvenir.

Khorog, capitale du Haut-Badakhchan, compte 35 000 habitants. Nous sommes installés dans un petit hôtel familial convivial et tranquille.

Balade pour explorer cette petite ville puis nous retrouvons Feruza et Nios pour dîner dans un restaurant ouzbek très bruyant. Dans les restaurants, en plus de la salle principale, il y a de nombreuses "alcôves" avec des rideaux pour privatiser l'espace à manger.

Soirée sur la terrasse en haut de notre hôtel tenue par des jeunes, ambiance sympathique.

Aujourd’hui, nous restons à Khorog pour visiter la ville en compagnie de Feruza.

Nous commençons par la visite du jardin botanique situé sur les hauteurs de la ville. Très belle vue, nous sommes à 2200 m d’altitude. C’est un des jardins botanique les plus haut du monde, mais mis à part ce record, l'entretien laisse un peu à désirer. Feruza me dira que dans les années 80 il était bien plus beau.

Puis nous redescendons et visitons le musée de la ville. Là encore le manque de moyen est criant même si de nombreux objets sont présentés. Assez insolites pour certains comme le premier piano droit arrivé dans le Haut-Badakhchan, le panier de la championne de ramassage de pomme de terre du Kolkhoze. Mais la guide locale parait d’un enthousiasme à toute épreuve, commentant chaque pièces, Feruza nous donnant la traduction. Portrait de Lénine et Staline, anciens documents militaires …

Nous allons ensuite voir le marché de la ville. C’est plus un bazar qu’un marché. On y trouve un peu de tout, vêtements, accessoires, pain, épices et fruits secs.

Déjeuner en terrasse puis, avec Ludo, nous prenons un taxi pour Barsem. C’est une autre vallée dont la route est en construction là aussi par des sociétés chinoises. Bien sûr la route est barrée à cause des travaux.

Retour à Khorog pour passer la fin d’après-midi tranquille et voir le reste de la ville, le parc très animé, manège, marchands de glace.

Ishkashim.

Notre route de Khorog à Ishkashim.

Nous reprenons la route ce matin et continuons de longer la frontière afghane et la rivière Panj. La route est en assez bon état et nous progressons assez vite. Traversée de petits villages, arrêt pour visiter une petite station thermale où l’eau des sources chaudes a des vertus thérapeutiques notamment pour les yeux.

Sur la route, Nios s’arrête devant une maison où il y a de nombreuses voitures garées et plein de monde dans la propriété. Les propriétaires nous invitent pour partager un Palov, le plat traditionnel Tadjik. Nous sommes accueillis et nous déjeunons au milieu des invités. L’accueil et l'hospitalité des tadjiks n’est plus à démontrer et nous le vérifierons tout le long du voyage.

Nous arrivons à Ishkashim et nous installons dans un gîte familial. Ce sera le moins chaleureux de notre séjour. Après-midi de balade dans le village et sur les hauteurs. Dîner en ville.

Yamg.

Nous sommes samedi matin et il y a un marché juste à la frontière afghane, en zone neutre, sur un îlot au milieu de la rivière Panj qui est très large à cet endroit.

Nous quittons Ishkashim et franchissons la grille qui conduit à un pont donnant accès à la zone du marché.

Des militaires tadjiks enregistrent nos passeports et l’autorisation pour la Pamir, puis nous cheminons jusqu’au marché.

Les afghans arrivent petit à petit et étalent leurs marchandises. Il n’y a que des hommes qui portent le vêtement traditionnel. Très bruns et souvent aux yeux bleus, ils sont très typés. Rien d'extraordinaire dans les marchandises exposées si ce n’est le prix assez bas comme la qualité. Les tadjiks ne sont pas très riches mais les afghans encore moins. Nous finirons par acheter un chapeau afghan et un gros savon. Feruza trouvera un joli foulard turquoise. Quelques échanges avec des Afghans parlant anglais mais c’est très limité.

Nous quittons le marché et reprenons la route, ou plutôt une des routes du Pamir, celle qui longe la rivière Panj et la frontière afghane.

Un arrêt pour voir les ruines d’une très ancienne forteresse, Qah Qaha. Il ne reste pas grand chose de ce bastion sur la route de la soie, On profitera d’une superbe vue sur la vallée.

C'est un monument du IVe siècle après J.-C., datant de l'époque de Kushan. C'est la deuxième fortification notable construite au Wakhan pour sécuriser le Pamir occidental après le fort de Yamchun. La forteresse de Kaahka doit son nom au héros légendaire et au roi des Siahpushes-Qanqaha. Les Siahpushes sont des adorateurs du feu, portent des robes noires et suivent le culte zaroastien. La forteresse sécurisait cette partie de la route de la soie du Wakhan et bloquait l'accès aux vallées fertiles de Shohdara et de Gunt aux envahisseurs étrangers.La forteresse sécurisait cette partie de la route de la soie du Wakhan et bloquait l'accès aux vallées fertiles de Shohdara et de Gunt aux envahisseurs étrangers.

Nous arrivons à Yamg et déjeunons à la table du gîte avant d’aller nous installer.
Après déjeuner, nous allons visiter le petit musée du Sufi Muborak Kadam, savant, théologien, poète et voyageur. Par rapport à celui de Khorog, il est très bien entretenu, décoré et, même s' il y a peu d’objets, ils sont bien mis en valeur. C’est l’épouse de notre hôte qui guide la visite, Feruza traduisant. Notre hôte a lui même beaucoup contribuer à la réalisation de ce musée et était instituteur à l’école du secteur.

Après cette visite nous décidons d’aller nous balader en cherchant notre chemin par rapport à un itinéraire vu sur MAPS.ME. Nous finirons tout de même à faire une jolie balade, aidés par des villageois qui nous voyaient chercher notre chemin.

Les montagnes qui nous entourent sont vraiment magnifiques !

Vue de la forteresse de Yamchun.

Le lendemain, petit programme. Nous commençons par la visite de la forteresse de Yamchun. Nous montons jusqu’à 3000 m d’altitude depuis le fond de la vallée. Encore un superbe point de vue sur les montagnes afghanes qui nous fond face. Feruza nous donnera les explications sur l’histoire, de sa création jusqu’à l’invasion des arabes où elle déclina.

La forteresse de Yamchun (ou de Zamr-i-Atash-Parast, de Kafir-Qala) est une forteresse des adorateurs du feu, les Zhoroastriens et est peut-être le monument le plus impressionnant et le plus ancien de Wakhan, construit au sommet de la falaise surplombant le vallée. La construction de la forteresse Yamchun remonte au 3e siècle avant JC et est un peu plus ancienne que la forteresse Kah-Kakha. Autrefois, cette forteresse avait deux fonctions : contrôler la circulation des personnes et des marchandises à travers la vallée du Wakhan et assurer la défense en cas de raids.

Il s'agissait certainement de la plus grande fortification de défense de l'ancien Wakhan. Le fort a joué un rôle clé sur la Route de la Soie menant du Pamir à la Bactriane, à l'Inde, à l'Iran, en contrôlant le trafic, les marchandises et la sécurité dans la région. La forteresse de Yamchun surplombe de vastes étendues du corridor de Wakhan et de vastes sections des montagnes de l'Hindu Kush, dans les territoires afghans les plus septentrionaux.

Nous reprenons la route pour les sources chaudes de Bibi Fatima. Nous nous dévêtons et profitons d’une eau à 40° pendant une bonne demi-heure. Étonnés de voir qu’en pays musulman on se baigne nu, alternance d’horaires pour les hommes et les femmes. Ces sources chaudes sont très appréciées et nous serons quelques touristes au milieu des locaux à barboter.

Déjeuner en plein air dans un gîte puis retour à notre pension.

Nous décidons d’effectuer une petite randonnée et gravir le versant Tadjik pour profiter de beaux points de vu. Deux heures et demi de randonnée, je voulais dépasser la côte des 3000 m en partant de 2760 m. Retour au gîte un peu fourbus mais content de cet effort. Le contraste des zones cultivées verdoyantes et de la montagnes à la roche brute est magnifique.

Zong.

Le Stupa Bouddhiste.

Aujourd’hui peu de route pour cette étape. Nous commençons par la visite d’un Stupa, monument bouddhiste.

Le bouddhisme a été introduit par la route de le soie qui passait par le Pamir. Il s’est répandu dans le sud du Tadjikistan et le nord de l’Afghanistan. Les fouilles archéologiques n’ont pas retrouvé beaucoup d’objets. Quelques statues conservées au musée de Douchanbé et de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Nous avions vu a Douchanbé le grand Bouddha couché retrouvé dans cette région.

Nous reprenons la route et nous arrêtons à Langar pour visiter un site présentant des pétroglyphes. Il faut vraiment être motivés car il y a 250 m de dénivelé sur 1 km pour les atteindre.

Ces pétroglyphes présentent essentiellement des scènes de chasses où on distingue un personnage avec un arc et des mouflons pourvus de leurs grandes cornes. Il est dommage que de nombreux visiteurs aient voulus laisser leur traces, ce qui dénature ces remarquables artefacts préhistoriques. De plus la vue sur la vallée est magnifique !

Nous arrivons à Zong pour nous installer dans un gîte. Léger repas, un peu de repos, puis avec Ludo, nous décidons de faire une petite randonnée sur les hauteurs.

C’est assez rare de trouver des chemins qui montent sur les reliefs. Nous remarquons que ces sentiers démarrent souvent du cimetière local. Ici une belle piste monte sur les hauteurs, traversant un petit village, des champs et plantations. Nous irons jusqu’à la côte 3100 m pour nous habituer à l’altitude.

Nous dominons la vallée. Le ciel est très nuageux, chargé, et des orages éclatent dans les vallées latérales. Un vent chargé de poussière remonte la vallée principale et se répand sur les pentes des montagnes. Les paysages deviennent très mystérieux, envoûtants, surréalistes.

Redescente en passant dans le petit village, des gamins jouent dans un champ, un peu plus bas des ados font une partie volley-ball. Retour à l’hôtel où nous retrouvons Feruza avec qui nous discutons. Repas au gîte.

J’ai acheté une carte SIM Tadjik pour avoir la 4G avec un opérateur local, mais le réseau est assez aléatoire sur la route du Pamir et depuis deux jours la connexion est très irrégulière pour ne pas dire inexistante. Quelques messages finissent par passer … Ce serons les derniers.