Ouzbékistan – Mer d’Aral

L’Ouzbékistan.

République du Karakalpakstan.

La Mer d’Aral en Ouzbékistan.

Moynak.

Arrivés à Tashkent en Ouzbèkistan, nous prenons un vol le lendemain pour Noukous, ville de la république du Karakalpakstan, territoire autonome de l'Ouzbékistan. Puis, le lendemain, partons en 4X4 avec un guide pour Moynak qui était au bord de la mer d'Aral.

Moynaq était un port du sud de la mer d'Aral, doté d'une économie active liée à la pêche et à la mise en conserve du poisson.

Suivant les ordres de Lénine, les pêcheurs de Moynaq jouèrent un grand rôle dans la lutte contre la famine russe de 1921-1922. Des milliers de tonnes de poissons furent envoyées en URSS pour nourrir la population. Un guide nous dira qu'ils ont "presque vider" la mer d'Aral de ses poissons tellement la pêche fut intensive.

Aujourd'hui, Moynaq est l'un des témoins de la catastrophe environnementale que subit la région en raison du retrait de la mer d'Aral, qui se trouve à quelque 35 km au nord et n'est plus visible à l'horizon depuis l'ancien port. Un « cimetière de bateaux », comprenant une dizaine de carcasses rouillées, et un petit musée attestent de l'ampleur de la catastrophe actuelle et de la richesse passée. La vidéo du Musée est très intéressante.

La mer d'Aral est un lac d'eau salée d'Asie centrale occupant la partie basse de la dépression touranienne ou aralo-caspienne au milieu d'espaces désertiques. Elle est partagée entre le Kazakhstan au nord et l'Ouzbékistan au sud. Elle tire son nom du mot kazakh Aral qui signifie « île » en référence aux milliers d'îles qui la couvraient.

Dans les années 1960, la mer d'Aral, encore alimentée par les puissants fleuves Amou-Daria et Syr-Daria, formait la quatrième plus vaste étendue lacustre du monde, avec une superficie de 66 458 km2. En 2000, cette superficie était divisée par deux. Cet assèchement, dû au détournement des deux fleuves pour produire du coton en masse, est une des plus importantes catastrophes environnementales du XXe siècle. En août 2005 s'est achevée la construction de la digue de Kokaral qui sépare la petite partie nord de la mer d'Aral au Kazakhstan, la Petite mer d'Aral, du reste de la dépression, la préservant ainsi de l'assèchement. Depuis lors, la partie sud initialement appelée Grande Aral ne reçoit presque plus d'eau de surface. En grande partie asséchée, elle est généralement divisée en trois lacs principaux : un profond bassin occidental, parfois relié à un bassin oriental peu profond et souvent à sec, et le petit lac de Barsakelmes.

Six pays se partagent le bassin de la mer d’Aral : Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Turkménistan et Afghanistan. Alimenté par deux affluents principaux, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, le bassin versant de ce lac d’eau salée compte 17 752 glaciers pour une superficie d’environ 1 549 000 km2.

L'ancien port de Moynak avec les épaves de bateau de pêche.

Les rives de la mer d'Aral étaient variées malgré leur caractère désertique.

La rive orientale était caractérisée par son relief sablonneux  et une série de longues baies étroites parsemées d'îlots.

Elle s'opposait ainsi au littoral occidental, d'un profil rectiligne, dominé par de hautes falaises (190 m pour les plus élevées) battues par les flots.

La rive septentrionale correspondait à la limite sud du plateau argilo-sableux de Tourgaï, s'élevant jusqu'à 178 m au-dessus du rivage et découpé de baies profondes.

Entre ses diverses parties, au nord-est et au sud, les vastes deltas du Syr-Daria et de l'Amou-Daria, prenaient l'aspect de vastes espaces plans qui progressaient rapidement grâce au déversement abondant des eaux limoneuses.

Les eaux de la mer d'Aral se caractérisaient par une grande limpidité et un bleu intense, elles étaient peu salées (10 à 11 ‰ de taux de salinité moyen, 14 ‰ au sud-est).

Leur température suivait le rythme des saisons en raison de la faible profondeur. L'été, elles pouvaient atteindre 26°C à 27°C en surface (mais seulement 1°C à 3°C dans les fonds de la côte occidentale). L'hiver, les températures étant négatives, la mer était entièrement prise par les glaces, parfois jusqu'au début du mois de mai.

Les précipitations sont faibles dans cette région au climat aride (entre 130 et 140 mm/an en moyenne), l'évaporation est très élevée (de l'ordre de 1000 mm/an) mais l'apport des deux grands fleuves tributaires permettait à la mer d'équilibrer son bilan hydrologique.

Le niveau des eaux a beaucoup varié au cours de l'histoire. Jusqu'au XVIe siècle, la mer d'Aral était reliée à la mer Caspienne par l'intermédiaire de l'Ouzboï et son niveau d'eau baissait car son principal fleuve tributaire, l'Amou-Daria, empruntant le lit de cet ancien cours d'eau, aujourd'hui à sec,  et allait déverser la majeure partie de ses eaux dans cette grande mer intérieure qu'est la Caspienne.

Le cours de l'Amou-Daria fut détourné voilà 400 ans (par les khans de Khiva car le fleuve charriait des sables aurifères) et ses eaux rejoignirent la mer d'Aral dont le niveau s'éleva. Une nouvelle baisse fut enregistrée entre 1850 et 1880, mais les eaux remontèrent de 3 m entre cette dernière date et 1960.

Dès 1918, les autorités de l’URSS procédèrent au détournement de ses principaux affluents « afin d’irriguer des zones désertiques de l’Ouzbékistan pour y implanter des rizières et des champs de coton. »

Le coton a un intérêt stratégique en plus de sa qualité de fibre textile. En effet, le coton est de la cellulose permettant la fabrication de la Nitro-cellulose, explosif. Mais l'huile extraite des graines de coton permet aussi la fabrication d'explosif ce qui aurait motiver l'augmentation de la production de cette plante.

Au début des années 1960, les économistes soviétiques décidèrent d’intensifier la culture du coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan. Les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria furent privés d'une partie de leurs eaux pour irriguer les cultures par plusieurs canaux dont celui de Karakoum. Ainsi à partir de 1960, entre 20 et 60 km3 d'eau douce furent détournés chaque année.

Le manque d'apport en eau assécha alors peu à peu la mer dont le niveau baissait de 20 à 60 cm par an. Depuis 1971, une partie des eaux de l'Amou-Daria est orientée vers le Darjalyk, un ancien bras du fleuve menant vers le bassin du Sary Kamysh, un lac asséché qui a été ainsi reconstitué et plus récemment vers le lac de l'âge d'or.

La séparation entre la Petite mer au nord et la Grande mer au sud date de 1989. L'évolution a d'abord laissé présager la disparition totale de la seconde à l'horizon 2025, avant que des travaux d'aménagement ne soient opérés. En 2007, on constate que le niveau de la Petite mer d'Aral a remonté spectaculairement, plus vite que ne l'espéraient les experts chargés du dossier et la pêche a repris depuis 2006.

Peter Zavialov décèlerait un lien entre la hausse de la mer Caspienne et l’abaissement de la mer d’Aral. Pour Chilo, académicien russe, ce sont les fonds des mers (Caspienne et Aral) qui seraient très friables... et un historien Bunyatov démontre que ce lac aurait déjà agonisé quatre fois au cours des siècles. Allant dans ce sens, des analyses contradictoires sur la mort programmée pour 2025 de la mer d’Aral ont été publiées récemment.

Plusieurs guides nous ont aussi relaté que les essais nucléaires souterrains de l'URSS, sur une petite île de la mer d'Aral, avaient entraîné des fissures dans le sous-sol et que l'eau de la mer d'Aral se seraient écoulées dans la mer Caspienne située plus bas par infiltration. Information non confirmée.

Les quantités gigantesques de pesticides qui, jadis, étaient charriées par les deux fleuves tributaires de la mer et se sont déposées au fond du bassin de l’Aral ainsi que le sel laissé par les eaux se retirant, se sont retrouvées, au fur et à mesure que l’évaporation progressait, à l’air libre en raison des vents violents. Ils ont provoqué une forte hausse du taux de mortalité infantile (parmi les plus élevés du monde aujourd'hui), une augmentation du nombre des cancers et des cas d’anémies, ainsi que le développement d'autres maladies respiratoires directement reliés à l’exposition à des produits chimiques, phénomènes confirmés par des études de l’Organisation mondiale de la santé. (Sources Wikipédia)

Un de nos guide nous a relaté une tempête de sel, les vents violents soulevant sel et sable pour le déposer, tel de la neige, sur toute une région de l'Ouzbékistan.

Nous continuerons notre route en direction du plateau d'Oustyurt pour rejoindre un camp de yourtes.

Le Plateau d’Oustyurt.

Nous quittons Moynak pour cheminer plusieurs heures en 4X4 sur l'ancien fond de la Mer d'Aral.

Nous arrivons sur le haut plateau d'Oustyrut qui domine la Mer d'Aral que nous voyons au loin. Le chemin est long et heureusement que nous bénéficions de la clim dans la voiture car il fait très très chaud !

Nous traversons un champ gazier où nous verrons de nombreux derricks et tête de puits de gaz. Mais l'Ouzbékistan doit importer du gaz Russe car ses réserves sont épuisées en partie. Un projet avec le Kirghizstan permettrait de relancer la prospection.

Puis la piste monte jusqu'au plateau d'Oustyrut pour une vue époustouflante sur les rivages de la Mer d'Aral avec le camp de yourtes en contre-bas que l'on doit rejoindre pour la nuit.

Mais avant d'y aller, nous descendons jusqu'au rivage pour une baignade.

Baignade dans la mer d’Aral.

Après des heures de piste, nous descendons vers les rivages de la Mer d'Aral.

Elle est bleu et un peu trouble et les premiers mètres ne sont pas très engageants car les pieds s'enfoncent dans une argile collante, visqueuse et noire. Je persévère malgré le dégoût et l'argile fait place à du sable plus agréable à fouler.

L'eau est très salé, elle brûle la langue et on flotte très bien, un peu moins que dans la Mer Morte. La salinité actuelle serait de 160‰ contre 35‰ pour le Pacifique et 39‰ en Méditerranée et 300‰ pour la mer Morte. Avec une telle salinité, toutes les espèces de poissons ont disparurent, même les raies introduites, ne subsiste que le plancton. L'eau est chaude, baignade agréable, rafraîchissante.

Après cette belle baignade, nous remontons pour nous installer dans une yourte du camp.

Camp de yourtes.

Après une bonne douche, nous nous installons dans une yourte. Il fait très chaud et nous allons nous désaltérer sur le bord du plateau en admirant la mer d'Aral.

Puis nous passons à table où nous dégustons notre premier Plov. Ce plat à bas de riz pilaf, de carottes jaunes, pois chiche et viande de mouton est un plat des nomades Ouzbeks. Il est parfumé avec du cumin. C'est très bon. Le repas traditionnel se compose d'entrée avec des crudités, tomates, concombres, aubergines et poivrons frits.

Puis généralement il y a une soupe et le plat principal qui est un Plov ce soir. Des fruits en dessert ou des pâtisseries orientales assez sucrées mais succulentes.

Le soleil se couche lors de la fin du repas, occasion de faire quelques clichés et de gravir la colline surplombant le camp.

L'Ouzbékistan est un pays à majorité musulmane mais nous n'aurons pas trop de difficulté pour trouver de la bière. D'ailleurs au cours du voyage, on nous sollicitera plusieurs fois pour trinquer avec un verre de Vodka. La présence des russes des années durant a laissé quelques coutumes persistantes.

Étant face à l'Est, nous nous levons très tôt pour assister au lever de soleil. Moment magique où le disque solaire apparaît peu à peu au dessus de l'horizon, une renaissance dans ce désert hostile.

Puis nous attendons que tout le monde se lève pour prendre notre petit déjeuner. Dans cette attente, je me couvre car ce matin il fait plutôt frais.

Puis nous reprenons notre route et remontons sur le plateau d'Oustyurt.

Le Caravansérail de Kurgancha Kala.

Nous atteignons les ruines du Xe siècle du caravansérail de Kurgancha Kala, forteresse sur la route de la soie. C'était le quatrième plus important dans le désert d'Aralkum. Il ne reste plus grand chose de ce complexe commercial. C'était aussi la cité du Royaume de Khorezm où les habitants étaient sédentaires.

Nous continuons sur le plateau d'Oustyurt.

Le Village de Kubla-Oustyurt.

Le 4X4 s'arrête sur une piste d'atterrissage adjacente à un petit village. Nous partons explorer les rues désertes bordées de maisons le plus souvent en mauvais état mais aux jardins bien entretenus. En bordures, deux chameaux nous regardent passer.

Dans les cours des maisons nous voyons d'antiques motos parfois équipées de side-car. Des enfants jouent dans les cours, quelques adultes passent, on ne peut pas dire qu'il y ai beaucoup d'agitations mais vu la chaleur torride, nous comprenons que nous sommes les seuls fous à s'aventurer à l'extérieur.

Ce village date de l'époque soviétique. Apparu lors de la construction du gazoduc principal. Jusque dans les années 1990, il s'appelait Komsomolsk-on-Ustyurt .

Nous en profitons pour acheter de l'eau fraîches et des biscuits, puis nous repartons.

Le Village abandonné d’Ourga.

Les rives du lac Sudochye et les ruines du village d'Urga.

Urga est un village de pêcheurs sur les rives du lac Sudochye, partie de l'ancienne mer d'Aral.

Le lac Sudochye, peu profond,  est connu pour ses îles recouvertes de roseaux, ses hautes falaises  colorées et ses oiseaux sauvages.

Le lac Sudochye était autrefois le plus grand réservoir du delta de l'Amou Darya au Karakalpakstan, ayant été alimenté par une grande rivière et relié à la mer d'Aral par un canal. Pourtant, après que la mer d'Aral se  soit en grande partie asséchée au milieu du XXe siècle, le lac et la mer se sont séparés d'environ 150 kilomètres, et le lac Sudochye s'est progressivement divisée en plusieurs plans d'eau plus petits.

Le village de pêcheurs d'Urga était un des premiers établissements russes du Khorezm, fondé par des cosaques fugitifs. Urga a été déserté en 1971, lorsque les quelques pêcheurs restants ont été contraints d'abandonner la ville en raison d'une pénurie de poisson à la suite de la catastrophe de la mer d'Aral.

En 2008, le lac Sudochye a obtenu le statut de zone importante pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité, car il est situé sur le trajet des oiseaux de Sibérie et de la toundra arctique.

Nous continuons notre piste et arrivons à Noukous en fin d'après-midi.

Noukous.

Le Musée Savitskiy, le Louvre des Steppes.

À Noukous, nous retrouvons l’hôtel Jipek Joly de notre arrivée et sa charmante propriétaire. Franchement, si vous devez séjourner à Noukous, je vous recommande chaudement cet hôtel.

Le lendemain nous allons au Musée des Beaux-Arts de Savitskiy, surnommé « le Louvres des Steppes ». Nous découvrirons une riche collection des tableaux de l’avant-garde et post-avant-garde soviétique rassemblée par Igor Savitskiy.

Malgré le risque d’être dénoncé comme anticommuniste, il a réussi à sauver plus de 50.000 œuvres d’artistes réprimés durant la période stalinienne. Le Musée possède aussi un important fonds d’artisanat Karakalpak et d’antiquités de Khorezm.

Je vous propose une toute petite sélection parmi les œuvres qui m'ont marqué.

Puis notre chauffeur est venu nous prendre à l'hôtel pour nous conduire à Khiva.