Espagne – Trek sur la Grande Canarie.

Grande Canarie

La Grande Canarie.

Situation Géographique de la Grande Canarie.

Les îles Canaries sont un archipel de l'océan Atlantique situé au large des côtes du Maroc. Les Canaries font partie de la Macaronésie, un ensemble géographique regroupant les territoires insulaires volcaniques des îles Canaries, de Madère, des Açores et du Cap-Vert situés à l'ouest et proches des côtes nord-africaines.

L'archipel des îles Canaries est le plus grand et le plus peuplé de la Macaronésie.

Grande Canarie, deuxième île la plus peuplée de cet archipel avec la plus grande ville, Las Palmas de Grande Canarie, qui est aussi la capitale de la province de Las Palmas et cocapitale avec Santa Cruz de Tenerife de la communauté autonome des îles Canaries. En outre, Las Palmas de Gran Canaria est la plus grande ville des îles Canaries et forme l'une des dix zones métropolitaines les plus peuplées d'Espagne.

La Grande Canarie est parfois comparée à un continent en miniature en raison de la diversité de ses paysages et de ses climats. Elle  a été reconnue par l'Unesco en tant que réserve de biosphère. De forme circulaire, l'île culmine au pic de las Nieves qui s'élève à 1 950 mètres d'altitude.

Localisées au large de la côte nord-est de l'Afrique, à l'ouest du Maroc, les Canaries sont formées par une chaîne de volcans qui ont grandi sur la croûte océanique atlantique. Ces îles sont un exemple typique de ce que l'on appelle un volcanisme de point chaud.

Agüimes, Gran Canarias.

Je me suis inscrit sur un voyage en groupe Huwans de 6 jours sur l’île de Gran Canarias où nous effectuerons plusieurs treks. Nous traverserons de beaux paysages dans une nature préservée essentiellement aride.

Vol de Marseille à Madrid puis à Las Palmas. Un taxi m’attend et m’amène à l’hôtel dans la soirée. Il y a carnaval à Agüimes, les rues autour de l’hôtel sont très animées, remplies de joyeux fêtards et le bruit de la fête résonne dans la chambre, vais-je trouver le sommeil ? (finalement oui !)

Je n’ai vu personne pour le moment, ils sont tous arrivés avant moi et il n’y a que Jérôme, un ami de Marseille qui arrivera dans la nuit.

Valérie, notre guide, a créé un groupe WhatsApp pour nous donner tous les renseignements utiles lors de notre arrivée et durant ce séjour.

La Vallée profonde de Guayadeque.

Début de notre randonnée, nous descendons du village d’Agüimes pour emprunter le GR 131. Nous remontons le Barranco de Guayadeque, une vallée aride creusée dans le basalte où quelques cultures sont présentes grâce à des canaux d’irrigation.

Une brume enveloppe le paysage, et notre guide nous dira que c’est la Calima qui est très présente aujourd’hui. L’air est très chargé de micro particules, ce qui est assez mauvais pour nos poumons.

De nombreuses habitations troglodytes sont construites dans les cavernes naturelles de basalte. La végétation est très jolie, beaucoup de succulentes, d’espèces endémiques bien adaptées au climat sec de l'île.

Une halte à Casa Cueva Canaria où nous pique-niquerons. Un arrêt dans un petit magasin pour voir les pièces creusées dans la roche et acheter du miel local.

Nous finissons notre trek à Cuvea de Bartolo où, dans un grand restaurant les galeries sont creusées et très longues, le tout est vraiment impressionnant. Fin du trek et nous filons au village de Tejeda où se situe notre hôtel.

La Vallée de Tejeda, Culata.

Aujourd’hui nous sommes en zone violette pour la Calima. C’est de la poussière venue d’Afrique, du Sahara, avec des particules très fines qui passent dans le sang. La météo locale donne des couleurs en fonction de la quantité de particules fines et violet correspond à un niveau très élevé. Donc notre guide a modifié l’ordre de nos excursions pour faire celle d’aujourd’hui qui ne fait que descendre dans la vallée ce qui limitera nos efforts.

Nous partons du village de Tejeda en minibus jusqu’à la crête de Cruz de Tejeda qui domine la vallée.

Belle vue sur les pitons de Roque Nublo et Roque Bentayga. Nous cheminons dans des paysages arides et la vue est époustouflante sur les pitons. La végétation avec de nombreuses succulentes, euphorbes et arbustes est magnifique. Valérie nous expliquera l'adaptation de ces plantes au climat aride, se mettant en dormance en attendant les prochaines pluies.

En passant à La Culata, nous rencontrons un vigneron qui nous fera goûter son vin et admirer sa maison dans le style du Facteur Cheval pendant que son épouse reprise une chemise. Il nous montrera le couteau traditionnel de son Grand-Père au manche ouvragé.

Un arrêt au village de La Culata sur la place de l’église pour le pique-nique et un café au bar du coin puis nous rejoignons notre hôtel à Tejeda.

Donc toute petite randonnée de 7,5 km au centre de la Grande Canarie avec un minimum d’effort mais de belles vues et une flore qui m'a beaucoup intéressé.

Roque Nublo, Piton sacré.

Mirador del Pico de los Pozos de la Nieve.
Le Roque Nublo et le Teide de Ténériffe.

Aujourd’hui, nous passons au pic de las Nieves, le sommet de la Grande Canarie à 1950 m d’altitude. Malgré un peu de Calima, nous pouvons voir le sommet de l’île de Ténériffe, le Teide, qui culmine à 3 715 mètres d'altitude au-dessus de cette brume.

Puis en minibus, nous rejoignons le départ de notre randonnée pour cheminer dans les pinèdes de pins de Canaries et voir de superbes paysages façonnés par les différentes périodes volcaniques. Nous grimpons jusqu’au Roque Nublo, monolithe de basalte de 80 mètres culminant à 1814 mètres d’altitude. Dans l'Antiquité, le Roque Nublo était utilisé comme un lieu de culte par les Guanches. Nous verrons aussi deux réserves d’eau dont le niveau est très bas. Les Canaries aussi sont en manque d’eau due au réchauffement climatique.

Pour continuer nos efforts, nous essayerons une petite randonnée mais choisissons le mauvais sentier dès le départ. Nous reviendrons au point de départ et appellerons notre guide pour qu’elle nous envoie un taxi pour retourner à l'hôtel. Rando ratée, mais l’apéro n’attend pas !

Grande Canarie, Roque Nublo.

Artenara et ses villages troglodytes.

Grande Canarie, Vallée Tejeda.

Au départ de notre randonnée, nous commençons par une belle côte avant d’atteindre des crêtes et un sentier moins sportif. Nous atteignons le col de la Degollada de las Palmas et la vue sur les paysages est splendide, nous embrassons toute la vallée.

Nous quittons le sentier pour aller voir, en bordures de falaise, des grottes aborigènes préhispaniques. Certaines contiennent des symboles féminins sous la forme d’un triangle pointe vers le bas. Nous trouvons aussi de petites cavités creusées dans la roche au sol pourvues d’un sillon qui auraient été utilisées pour des offrandes, on pense au dieu de la pluie.

Nous continuons notre randonnée et profitons de l’ombre de la pinède pour notre pique-nique et une petite sieste. En fin de repas, quatre chevaux nous rendent visite et cherche de quoi manger en sentant nos sacs.

Nous arrivons au village d’Artenara pour visiter un petit musée ethnographique sur les habitations troglodytes et la vie qui s’y organisait au siècle dernier. Tout le long de nos randonnées, nous verrons de très nombreuses habitations troglodytes dont de très nombreuses sont encore aménagées pour être habitables.

Nous visitons aussi l’Ermita de la Cuevita, creusé dans la roche au XVIIIe siècle et abritant une chapelle.

Un petit rafraîchissement avant de reprendre notre minibus et nous diriger vers Agaete.

Grande Canarie, Vallée Tejeda.

La Vallée d’Agaete.

Nous démarrons notre randonnée par un sentier très raide qui nous conduit au niveau d’un plateau et de là nous descendons vers un village troglodyte à flanc de falaise. Dans la gorge, lors de notre ascension, trois moulins se succèdent, signe qu’il y avait beaucoup d’eau pour les faire fonctionner jadis. Les meules sont encore présentent ainsi que la boiserie qui les recouvrait.

Durant notre ascension, nous aurons une vue panoramique sur la vallée d’Agaete et la végétation, fournie, remonte sur les falaises. Notre vue porte jusqu'à la mer et la ville d'Agaete.

La vallée est bien verte, l’humidité est plus présente sur ce versant. Nous pouvons voir de nombreuses plantes endémiques des Canaries et même de la Grande Canarie.

Notre guide nous fait découvrir des habitations troglodytes assez récentes, nous continuons de descendre vers des habitations encore occupées principalement pour les week-ends.

Arrivés au niveau de la place de l’église, nous découvrons le refuge tenu par Nicolas, un italien amoureux de l’île, qui l’a créé pour accueillir les randonneurs. Pique-nique sur la place puis nous continuons notre descente vers le village de San Pedro pour visiter une Finca qui produit du café, des fruits tropicaux, vignes et agrumes. Dégustation d’un café à l’arôme subtile avant de reprendre le taxi pour retourner à l’hôtel à Puerto de las Nieves.

La Réserve de Biosphère du Sud-Ouest.

Avec notre minibus, nous descendons vers le sud de la Grande Canarie. Cette route passe par de nouveaux tronçons récents et de nombreux tunnels pour sécuriser le tracé et le rendre plus sûr. Gigantesques travaux. Nous nous arrêtons au mirador del Balcon pour un superbe panorama et quelques photos de notre groupe.

Notre vue porte jusqu’à la ville d’Agaete sur notre droite. À gauche, nous voyons la « queue du Dragon » formations rocheuse issue d’une ancienne coulée basaltique se jetant dans l’océan et que nous pouvions voir de la plage d'Agaete. À l'intérieur des terres, nous voyons les champs de serres de Las Tabladas, cultures de tomates et bananes essentiellement utilisant l'eau de nombreux forages.

Notre guide nous fait observer des lichens accrochés aux rochers, Rocella canariensis ou Orchilla. Ces lichens servaient à la fabrication du colorant pourpre, très utilisé par le clergé.

Nous reprenons la route et arrivons au début de notre randonnée.

Nous partons du col au-dessus de la ville de Tasarte, pour descendre la vallée et remonter sur une crête qui domine la ville de Mogan. Nous sommes en pleine réserve de biosphère et nous retrouvons les plantes des zones arides qui ici sont protégées. Au-dessus de nous, nous voyons des zones colorées en bleu et rouille qui correspondent au bord d'une très ancienne caldeira formée lors de la première phase volcanique de l'édification de l'île.

Dans les temps géologiques, le volcan central de la Grande Canarie a explosé puis la chambre magmatique s'est effondrée constituant une immense caldeira avant que l'activité volcanique ne reprenne et recouvre l'ancienne caldeira d'épaisses couches de basalte et de cendre, laissant apparaître ces minéraux riches en fer ferreux (bleu) et ferrique (rouille).

Nous descendons ensuite sur le village de Venegueta pour notre pique-nique et un petit café sur la place du village. En repartant, nous verrons une euphorbe cactiforme spectaculaire faisant la fierté de ce village. Un seul pied de cette euphorbe s'étend et recouvre une très grande surface. (voir l'article sur la botanique)

Fin du séjour, retour à Agüimes,

Avant de rejoindre Agüimes, nous passons par le Mirador de Mastopalmas pour admirer les dunes. Notre guide nous fournira toutes les explications pour comprendre cette formation.

La seule explication retenue par les scientifiques est le séisme de 1755 à Lisbonne. Ce séisme a mobilisé une énorme quantité de sable en créant des remous dans les fonds marins, sable qui, avec les courants océaniques, s'est déposé au sud de la Grande Canarie. Puis le vent venu de l'Est à permis la formation des dunes.

Cet espace est protégé car la zone lacustre attenante accueille de très nombreux volatiles qui y trouvent un site propice à leur nidification.

Nous profiterons de la plage en bout de presqu'île pour un petit bain dans les vagues rafraîchissantes avant de rejoindre Agüimes pour notre dernière soirée.

Nous dînons avec notre guide, Valérie, et la remercions pour son organisation sans faille, toutes les explications sur la flore, la faune et la géologie de la Grande Canarie et de l'archipel canarien. Elle a su insuffler un dynamisme à notre groupe avec beaucoup de bienveillance et une bonne dose d'humour. Nous la quittons avec regret en se promettant de rester en contact.

Cette complicité et camaraderie au sein de ce groupe aura été pour moi une bouffée de bonheur exceptionnel car peu rencontrée dans les nombreux groupes de voyage auxquels j'ai participé. Merci à toutes et tous !

Les Aborigènes des îles Canaries.

Grande Canarie, Idole Guanche.
Grande Canarie, Idole Guanche.

Les traces d’une première colonisation humaine des îles semblent remonter aux environs de 500 avant l’ère chrétienne. Les Guanches, (en berbère ⵉⴳⵡⴰⵏⵛⵉⵢⵏ), sont les seuls indigènes qui vivaient dans les Îles Canaries. Ce sont les seuls Berbères à n'avoir pas été islamisés. Leur civilisation a disparu, mais a laissé des traces dans la culture canarienne et quelques vestiges. Une étude réalisée en 2017 sur des momies guanches montre que leur ADN est originaire d’Afrique du Nord et plus particulièrement du peuple berbère. Les Berbères qui peuplaient l’Afrique du Nord auraient traversé l’Atlantique à plusieurs reprises à partir des côtes sud du Maroc. Il persiste des témoignages de la langue guanche dans certaines expressions et les noms de famille.

L’organisation sociale et politique diffère selon les îles. De l’autocratie héréditaire à autorité élue. La culture est propre à chaque île mais l’habitat se fait dans les grottes naturelles, parfois des habitations en pierre sèche. L’économie reposait sur l’élevage et la culture de céréales et légumineuses. Les outils étaient en pierre et ils fabriquaient des poteries.

La religion est basée sur des dieux et déesses vivant au sommet des montagnes. Le dieu de la pluie est très présent sur Ténériffe. Le Soleil, la Terre, la Lune et les étoiles sont aussi vénérés. La croyance en un dieu suprême et aux Démons est générale. La momification est très répandue. Sur grande Canarie, les pitons rocheux (Roque Nublo, Roque Bentayga) sont des symboles masculins, et on retrouve des inscriptions en forme de triangle symbolisant le féminin dans certaines habitations troglodytes. La Vénus guanche est exposée au musée de Las Palmas sur Grande Canarie. (source Wikipédia)

Le volcanisme des Canaries.

Grande Canarie, carte géologique.

(pour les mordus de volcanologie)

Localisées au large de la côte nord-est de l'Afrique, à l'ouest du Maroc, les Canaries sont formées par une chaîne de volcans qui ont grandi sur la croûte océanique atlantique. Ces îles sont un exemple typique de ce que l'on appelle un volcanisme de point chaud.

Un point chaud représente une remontée de matériel issu de la fusion partielle du manteau terrestre. Ce phénomène est lié à la présence d'une anomalie thermique très profonde, qui engendre un puissant courant de convection.

Le matériel mantellique ainsi réchauffé, moins dense, va remonter sous la forme d'un panache qui va impacter la croûte sous-jacente. L'origine profonde du panache, sa racine, fait qu'un point chaud est généralement considéré comme fixe. Cette activité magmatique est ainsi déconnectée du mouvement des plaques lithosphériques qui circulent au-dessus.

Le magmatisme de point chaud se traduit par une intense production de laves qui va construire des édifices volcaniques sur le plancher océanique qui, lui, bouge d'un mouvement lent mais continu, en accord avec la tectonique des plaques. On observe donc la formation d'une série de volcans, dont le tracé témoigne du mouvement de la plaque lithosphérique au-dessus du point chaud.

C'est ce mouvement différentiel qui explique l'architecture de l'archipel des Canaries. L'âge des îles diminue en effet d'Est en Ouest. Les îles de Lanzarote et de Fuerteventura sont ainsi les plus vieilles, puis viennent successivement, Gran Canaria, Tenerife, La Gomera, La Palma et El Hierro. Ces 7 îles principales sont escortées par de nombreux îlots et édifices sous-marins.

Les îles de La Palma et El Hierro sont actuellement directement localisées au-dessus du point chaud, ce qui explique l'intense activité volcanique qui s'y déroule régulièrement, et notamment l'éruption récente du volcan Cumbre Vieja.

Cependant, cela n'empêche pas les îles plus anciennes de connaître de nouveaux épisodes volcaniques, comme ce fut le cas pour Lanzarote en 1824. Ces manifestations magmatiques récentes (on parle de phase de rajeunissement) seraient liées à la proximité du panache mantellique et à des cellules de convection secondaires, qui étendent la zone d'influence du point chaud. La présence, à proximité, de la marge continentale africaine pourrait également apporter une complexité à ce système magmatique.

Le volcanisme de point chaud des Canaries a débuté il y a environ 70 millions d'années, mais les premières îles de l'archipel n'ont émergé que relativement récemment, il y a 20 millions d'années, donnant naissance à Lanzarote et Fuerteventura. Les îles de La Palma et El Hierro sont bien plus jeunes et n'ont que 1,8 et 1,2 million d'années, respectivement. (Source Futura Sciences)

Volcanisme de la Grande Canarie :

(là, il faut s'accrocher !)

Gran Canaria a une forme circulaire avec des dimensions approximatives de 46 km de diamètre et repose sur un fond océanique à 4 000 m de profondeur. Son altitude maximale est le Pico de las Nieves, avec 1 950 m, situé au centre de l'île. Sa formation remonte à 15 - 14 million d’années. Il n’y a actuellement aucune activité volcanique.

Sur l'île, il existe deux domaines bien marqués : le domaine du Sud-Ouest qui est géologiquement le plus ancien, et le domaine du Nord-Est, occupé par les plus récentes éruptions volcaniques stromboliennes. (< 3 Ma). On suppose que les deux domaines sont séparés par une faille.

Son histoire géologique commence il y a 14 million d'années (Ma) avec l'émission rapide d'un volume important (> 1000 Km3) de coulées basaltiques, qui ont construit un bouclier volcanique, avec des hauteurs maximales de 2 000 m et un diamètre similaire à celui de l'île actuelle. Le centre de l’édifice se trouvait à l'ouest du village de Tejeda.

Les éruptions intenses, de type pliniennes, ont entraîné une vidange brutale de la chambre magmatique avec pour conséquence son effondrement et la formation d’une caldeira d’effondrement (Caldera de Tejeda, 20 X 16 km) Cette caldeira s’est progressivement remplie par des éruptions successives postérieures et une intense injection de dyke a formé des feuillets coniques concentriques dans la partie centrale située en-dessous de Roque Bentayga. Les éruptions ont continué avec de grandes quantités de phonolites et de couches pyroclastiques de cendre.

Puis un intense processus d'érosion a réduit tous les reliefs de l'île pour former une puissante formation sédimentaire de sables et de conglomérats alluviaux appelée Formation Détritique de Las Palmas. C’est la fin du premier cycle.

Puis, le Cycle Roque Nublo (de 5-4,5 à 3,5-3 Ma) avec la formation d’un stratovolcan de 3500 m d’altitude au centre de l’île. Interviennent ensuite de violentes explosions à l’origine des épais dépôts de brèches d’ignimbrite qui entraînent un effondrement latéral de l’édifice.  Lors des étapes finales de ce cycle, de nombreux dômes ou pitons font intrusion dans les zones centrales de l'île. Ils s’étendent sur une zone d’Artenara jusqu’à Valsequillo.

Puis, le cycle Nublo post-Roque (3,2 Ma) est caractérisé par l'émission pratiquement continue de magmas par des éruptions stromboliennes essentiellement dans la partie NE de l’île constituant des dépôts de 500 m d’épaisseur.

Le Cycle Récent correspond aux dernières éruptions survenues sur l'île avant la conquête de l'archipel au XVe siècle, situés dans la moitié NE de l’île, formant des groupements de cônes stromboliens. Episode ayant duré moins de 300 000 ans, remplissant les vallées existantes et datés 3075 ans.

Il existe dans la moitié SE de La Isleta une fissure éruptive de 2,5 km de long, de direction NE, qui se poursuit à travers la mer, comme un axe de rift naissant. (Source Institu Geografica Nacional)

Maroc – Six jours dans le Djébel Saghro

Six jours de trek dans le Djébel Saghro
Maroc Flag

ⵚⴹⵉⵚ ⵏ ⵡⵓⵙⵙⴰⵏ ⴳ ⵓⴷⵔⴰⵔ ⵏ ⵚⴰⵖⵕⵓ

Six jours dans le Djébel Saghro.

Maroc Flag

Arrivée au Maroc, aéroport de Ouarzazate.

Départ de Marseille pour Ouarzazate par un vol Ryanair. A l'aéroport je suis attendu par le chauffeur commandé par mon guide Hamou, direction N'Kob à quelques 140 Km. Mais avant de quitter Ouarzazate, je change quelques euros et achète une carte SIM plus un forfait 4G avec 10 Go de data pour le séjour (12 €).

Longue route jusqu'à N'Kob, je tente un peu de conversation avec le chauffeur mais il n'est pas très bavard. Arrivée à N'Kob, installation dans la maison d'hôte Berber Nomad Kasbah. J'ai la même chambre que l'année dernière.

Hamou passe dans la soirée pour préparer l'itinéraire de notre trek, on repassera en partie où nous étions allés l'an passé.

Et il me parle de l'Association Nomade Saghro pour le Développement qui s'occupe de la vie des nomades dans le Djébel Saghro. Création de gîtes, d'écoles, aménagement des sources d'eau, fournir des métiers à tisser pour la fabrication de tapis par les femmes. Promouvoir un tourisme solidaire et responsable de l’environnement.

Repas à l'hôtel.

Premier jour, Ighazzoun.

Départ le lendemain pour notre trek, nous partons de Handour et c'est en voiture que nous nous y rendons depuis N’Kob. Le muletier arrive, il se nomme Hamou lui aussi. Mule chargée, nous nous mettons en marche.

Courte étape jusqu'à 13 heures pour un arrêt repas. Les deux Hamous préparent une salade marocaine et dans un plat à tajine une omelette aux légumes. De délicieuses mandarines en dessert.

Petite sieste car il fait chaud, puis nous reprenons la route pour une courte distance. Nous aurons marché 8 km le matin et 5 l'après-midi.

Nous nous arrêtons chez notre muletier à Ighazzoun qui fait gite d'étape. Je vais dormir dans une petite pièce et sur un bon matelas.

Repas du soir avec un couscous poulet et des grenades en dessert. Bon repas et surtout les grenades que je ne consomme pas souvent.

Second jour de trek. Igli.

Matin du second jour.

Je me réveille un peu tôt pour ranger mes affaires et me doucher. Eau chaude, impeccable !, puis je fini mon paquetage.

Petit déjeuner vers huit heures, nous chargeons la mule et nous partons Hamou et moi. Nous passerons par un sentier qui rejoint l’habitation nomade que nous avions vu le l’an passé. Nous y prendrons un thé, Hamou discute avec le propriétaire. Certainement l'éloignement explique que la femme du propriétaire se tienne dans l'embrasure de la porte et participe à la conversation.

La veille, chez notre muletier, je n'ai pratiquement pas vu de femmes. Elles se tenaient toutes dans l'autre partie de l'habitation et n'apparaissaient pratiquement jamais. J'ai vu le frère, un gamin qui a dîné avec nous, une gamine, point de femme.

En fin d'après-midi, je suis sorti par une autre porte, apparemment celle du coin des femmes, et à mon retour j'ai voulu emprunter la même porte. Pendant que je tournais la clé pour ouvrir cette porte, j'ai entendu de grandes exclamations d'une femme qui semblait très perturbée par mon initiative. J'ai donc fait le tour pour entrer par la porte donnant sur le coin des hommes. La séparation entre les sexes est donc une règle peu transgressée ! Les femmes se tiennent dans une pièce, la même que dans la partie masculine, en quelque sorte symétrique. Mais toujours décalées par rapport à la porte de sorte qu'on ne les voie jamais.

Nous repartons et passons par un sentier nous menant au sommet des formations rocheuses qui ferment le cirque. Superbe vue, c'est grandiose. On continue un moment à suivre la crête, puis nous descendons dans un vallon où Hamou a installé le bivouac et prépare le repas. A l'abri du vent, nous faisons encore un bon repas. Un peu de repos avant de repartir.

J'aide à charger la mule et nous prenons un sentier qui traverse le massif montagneux. Sur le chemin, un cimetière musulman. Les tombes sont orientées est-ouest de façon à ce que le défunt ait la tête vers la Mecque. Un tas de pierres recouvre la tombe et des pierres plus longues à la tête et au pied positionnées à la verticale. Pas d'inscription, pas de signe distinctif, tout le monde est enterré de la même façon. Le cimetière paraît abandonné, mais c'est la tradition. Ce sont les nomades du coin qui sont enterrés là. Ce qui importe c'est de savoir que quelqu'un est enterré ici, l'aspect de la tombe importe peu. Hamou me montrera aussi des tumulus correspondant à des tombes avant l'arrivée des arabes et de l'Islam, soit il y a mille cinq cents ans.

Nous traversons toujours le massif, rencontrons des habitations abandonnées. Hamou m'expliquera que les habitants étaient trop isolés et que la maladie avait eu raison de cette famille. Un peu plus loin une petite source, l'eau étant littéralement le symbole de la vie dans ces contrées.

Nous croisons une grosse habitation et des enfants se précipitent pour étaler des babioles à vendre aux touristes. Minéraux, bracelets, couverts dont le manche en bois a été sculpté, petits pendentifs. J'achète mon second, j'en avais pris un lors du thé. Nous continuons, un puits avec une eau stagnante bonne pour les animaux et le potager. Puis au détour du sentier, nous longeons un petit ruisseau aux eaux limpides et fraîches. Là, la source est conséquente, elle remplit un grand bassin avant d'alimenter le ruisseau. Aussi les cultures sont bien plus abondantes.

Continuant le sentier, nous arrivons à Igli où nous avions campé l'année précédente. Nous aurons marché 16 Km.

Il y a de nombreuses tentes, un groupe Alibert s'y trouve, une bonne douzaine de français.

Nous nous réfugions dans la partie bâtie, prendrons le thé dans la cour pendant que notre muletier prépare le repas du soir. Plutôt que de planter ma tente, Hamou me propose de dormir dans la pièce suivante du bâtiment. Elle est grande et je m'établis dans un coin sur un matelas. Grand luxe, tranquille pour la nuit, à l'abri du vent et du froid.

Un thé puis le repas du soir toujours aussi délicieux. Un tajine poulet citron avec beaucoup de légumes, je me régale. Après le repas, je discute un bon moment avec Hamou et on refait le Monde …

Nous avons marché 16 km aujourd'hui dans des paysages fabuleux. Belle journée qui a comblé mon désir de revoir la beauté du Djébel Saghro. Ces butes, crêtes rocheuses, sont merveilleuses à la lumière du soleil couchant sur fond de ciel rougeoyant.

Après le repas du soir,  nous nous sommes installés dans la cour avec Hamou, face à un ciel étoilé sans lune, la voie lactée lumineuse, Vénus ou Mars rouge et bien distincte face à nous. Je suis sur un petit nuage …

Troisième jour de trek. Tagragra.

Au-dessus d'Igli.

Réveil un peu plus tard, pas grand-chose à ranger et surtout pas de douche ce matin. Petit déjeuner, chargement de la mule et nous partons.

Que de la montée ce matin, nous grimpons de notre campement d'Igli jusqu'aux crêtes que nous dépassons et poursuivons toujours en montant. Le point culminant sera un petit sommet à 2635 m. 885 m de dénivelé positif sur 9 km en cinq heures. Grosse matinée. Quand nous rejoignons Hamou le muletier, nous bouclons notre onzième kilomètre.

Hamou nous a fait des légumes cuits à la cocotte-minute, il cuisine très bien. C'est simple, goûteux avec des épices. Ce n’est pas encore ici que je vais commencer un régime ! Pour moi, il y a trop à manger. Mais ont un bon coup de fourchettes.

J'aurais parfois du mal à les suivre sur les sentiers. Même la mule est difficile à suivre. Toute tranquille qu'elle à l'air, c'est d'un rythme constant qu'elle avale les mauvais sentiers plein de pierres. Parfois je l'observe lors de passages difficiles. Là où je manque de me casser cent fois la figure sur les innombrables pierres en travers du chemin, elle hésite parfois, puis franchit le passage de façon déterminée toujours à un bon rythme. Nous aurons marché 11 km ce matin.

Après le repas, un peu de repos puis le même rituel du chargement de la mule en remplissant les deux paniers du bric-à-brac de la cuisine, sacs, vivres, ma valise … et par-dessus les matelas et couvertures. Tout un art pour équilibrer la pauvre bête mais c'est son karma ! Cet après-midi, beaucoup de descente, plus de 500 m sur 9 km en presque 3 heures.

Nous arrivons à Tagragra après 9 km. Nous nous invitons dans la famille de Mimoune et les deux Hamou discutent la fin d'après-midi avec le propriétaire tout en préparant le repas du soir. Encore un repas entre hommes, les femmes restent dans l'habitation principale. Hamou me dira que c'est lorsqu’il y a des invités, surtout des étrangers, que les femmes ne se montrent pas. Habituellement, la famille prend le repas ensemble.

Discussion avec Hamou sur les us et coutumes locales et sur le monde en général. Il me parlera de l'Association Nomade Saghro pour le Développement d'aide dont il est membre et des difficultés qu'il rencontre dans l'organisation de ses actions en montagne. Les familles sont souvent très isolées, de longues distances les séparent. Donner un peu d'autonomie aux femmes n'est pas une mince affaire et pas toujours bien vu des hommes. Et développer un tourisme qui apporte à la population locale n'est pas simple non plus. Lenteur, manque de budget, il faut convaincre, surtout les hommes.

Dans une société où l'homme est le chef de famille, décide de tout et tient les cordons de la bourse, les femmes n'ont pas droit au superflu.

Mais cela dépend beaucoup des familles qui bien souvent sont plus "ouvertes" et la femme a une place plus grande en société tout en respectant les traditions.

Grosse journée aujourd'hui, plus de 20 km, mais j'adore marcher ! Je devrais bien dormir. A part le chien qui aboie de temps en temps (oui, il finira bien par se laisser) le silence règne, juste le souffle intermittent du vent sur la muraille à côte de ma tente.

Quatrième jour de trek. Foudoud.

Finalement les chiens ont beaucoup aboyé et le vent a bien soufflé, mais j'ai tout de même passé une bonne nuit en ayant un peu froid. J'ai eu la flemme de prendre une petite polaire et enfiler le pantalon de jogging. Ce soir j'y penserai si je campe.

Petit déjeuner, chargement de la mule, les préparatifs sont toujours un peu longs avant de se mettre en marche. Nous descendons toujours cette vallée assez encaissée aux roches noires découpées et à la maigre végétation dans ce paysage aride. Le ciel est bien brumeux ce matin et nous aurons cette brume toute la journée.

Nous sommes invités à boire un thé dans une famille. La bâtisse est grande et un peu en hauteur avec une superbe vue sur une clue et ses hautes falaises. La rivière est à sec et l'agriculteur se plaint du manque de pluie.

Avec le thé berbère, on nous sert du pain que l'on trempe dans de l'huile d'olive. Il ne faut pas mordre le pain et le retremper, ça ne se fait pas. De même que traditionnellement on mange avec les doigts en formant une boulette de nourriture au creux de la paume qu'on ingurgite sans toucher la bouche. Lors du couscous chez Hamou, le plat est placé au centre de la table et chacun se sert avec une cuillère, ustensile utilisé car il y a des invités et surtout moi, l'étranger. On boit en faisant couler l'eau d'une bouteille dans la bouche sans toucher le goulot des lèvres.

Il y a aussi des dattes mais étant en altitude (1700 m) elles sont assez maigres. Hamou offre des cacahuètes, il y a toujours un échange. En partant, le propriétaire m'offre des figues sèches craquantes.

Nous continuons notre chemin, passons un col et redescendons dans une autre vallée.

Arrêt près d'une petite rivière où un filet d'eau remplit quelques mares. Des grenouilles et même des poissons ce qui ne manque pas de me surprendre. Il doit toujours y avoir un peu d'eau. Hamou est obnubilé par les sources qu'il voudrait protéger, amélioré pour prévoir des arrêts lors de ses treks.

L'association Nomade développe aussi des gîtes chez les agriculteurs pour leur amener des touristes et donc un peu de revenu. L'aspect éducatif est aussi au programme, les enfants doivent souvent faire un long chemin pour se rendre à l'école et certains sont hébergés dans de la famille plus proche d'une école.

A Tagragra, l'aîné des enfants était en vacances à la maison et ce matin il partait dans la famille pour se rapprocher du collège. Sa sœur, plus jeune, va à l'école mise en place par l'association Nomade. Il ne manque plus qu'à trouver l'instituteur qui leur fera classe. Très généreux Hamou et jamais à court d'idées.

A l'abri au bord la rivière, Hamou cuisine puis nous déjeunons.

Pendant le repas, j'explore les mares de cette petite rivière. Elles sont remplies de grenouilles qui se précipitent dans l'eau dès que j'approche. Et pour les plus limpides, plein de petits poissons. Cette rivière n'a de l'eau que ce court trajet marqué par une végétation dense mais réduite, la transition se faisant immédiatement avec le désert aride.

Pas de repos, nous repartons pour deux petits kilomètres et une belle côte qui nous emmènent chez Hamou. Nous aurons marché 10,5 km aujourd'hui.

Oui, le troisième, Hamou notre hôte et ses deux filles. Sa femme visitant de la famille, sera absente. Hamou, mon guide me dira qu'ils sont certainement les trois seuls Hamou de tout le Saghro. Hamou, notre cuistot muletier, se marre.

Hamou prépare donc le thé pour recevoir ses invités, les filles rentrent les chèvres et je monte ma tente. Ce soir je dors couvert, je me suis un peu gelé la nuit précédente, nous sommes à 1 700 m, je vais garder mes chaussettes et ma polaire.

Ils ont l'habitude de dîner assez tard. Après un énième thé, nous mangeons de la soupe. Puis re thé, puis plus d'une bonne heure plus tard, les filles apportent le couscous. Il est servi dans un grand plat et tout le monde autour pioche à la grosse cuillère. La coutume voudrait qu'on mange avec la main en faisant des boulettes. Autant dire que je peux tout mettre à la machine … Mais je campe !

Tout le monde, les filles, notre hôte et nous même, partageons ce repas très convivial. Je suis content de dîner en compagnie de ces filles qui rient beaucoup aux plaisanteries de leur père et d'Hamou.

Le partage est très important chez les berbères. L'hôte offre toujours quelque chose et l'invité fait de même. Hamou sort toujours quelques biscuits, amandes, raisins secs même aux personnes rencontrées sur le parcours. Il me dira que c'est encore plus marqué ici dans les montagnes du Saghro.

Ce soir c'est très calme. On n'entend un peu les chèvres, mais elles sont assez discrètes. Comme le chien, qui n'a aboyé que trois fois. Par contre les Hamou discutent bien. Hamou parle beaucoup de l'Association Nomade, où et comment mettre en place un abri pour les touristes de passage. Mais je vois bien que Hamou pense à son lit et Hamou se demande ce qu'il va nous cuisiner demain ...

Cinquième jour de trek. Tawhyyant.

Hamou nous propose du pain frais.

Donc en attendant que le pain cuise, nous allons chercher de l'eau au puits près de la rivière. Hamou conduit son âne tandis que Hamou guide sa mule et je pars donc avec Hamou qui connaît les lieux comme sa poche.

Nous descendons jusqu'à la rivière où se trouve la source alimentant la famille. Nous continuons avec mon guide car il veut me faire voir un grand bassin qui était rempli par la rivière jadis, durant son enfance et où il pêchait des barbeaux. Là, il reste un petit bassin qui recueille un filet d'eau qui fait le bonheur des grenouilles.

Nous remontons par un autre chemin en escaladant un peu la falaise et arrivons au niveau du four à pain où une des filles fait cuire les galettes. Nous repartirons avec du pain frais.

Après le repas, descente dans la vallée.

Nous sommes prêts, la mule est chargée, et nous prenons la route. On remonte un peu la vallée jusqu'à la casbah De Imi n Ighissi vue la veille puis nous bifurquons dans une autre vallée. Un point d'eau avec une végétation très fournie. Des figuiers, lauriers roses, roseaux.

Le chemin devient difficile car il prend une gorge étroite et il faut aménager certains passages pour que la mule passe. Je suis toujours surpris par l'agilité de cette bête. Elle franchit des obstacles impressionnants. La gorge débouche sur un vaste plateau, nous sommes à 1960 m.

Nous trouvons un endroit pour déjeuner. J'en profite pour aller jusqu'à un petit pic rocheux qui surplombe le paysage. On voit jusqu'à Ighli au loin, quel chemin parcouru ! En attendant le déjeuner, je profite du peu de réseau pour voir un peu les messages. Il y a du vent et du soleil, je brûle …

On reprend le sentier et descendons dans l'autre vallée. Nous nous installons chez la famille de Moha,  nomades qui occupent un emplacement où vivait la famille de Hamou, mon guide.

Le dernier frère ayant occupé les lieux est parti pour la ville il y a quelques années. La vie nomade est vraiment difficile avec des hivers froids, des étés caniculaires, le manque d'eau, l'isolement qui pose vraiment problème lors de maladie. C'est pour cela que Hamou œuvre dans l'Association Nomade, essayant de leur faciliter la vie.

Ce soir je suis encore sous la tente et ne manquerai pas de me couvrir. Les deux Hamou ont la leur, il n'y a pas de pièce pour les accueillir. La famille a une grande tente nomade, c'est la première fois que j'en vois une dans le Saghro. Hamou me dira qu’ils sont là depuis deux semaines avec leur fille et belle fille.

Ce soir, repas berbère sous la tente nomade. Grande tente rectangulaire faite d'une bâche en laine des animaux de la ferme. Ici poils de chèvres et laine de mouton. L'espace est divisé en deux, le côté des hommes où on reçoit les invités. L'autre côté est occupé par les femmes, les deux filles et leur mère. Il y a le fils qui reste aux côtés de sa femme et leur bébé. Très jeune couple d'une vingtaine d'années. Les femmes participent aux discutions, surtout l'épouse de Moha qui plaisante beaucoup.

Repas traditionnel avec un couscous légumes. On voit bien que ce n'est pas l'opulence, repas qui apporte des calories avant tout. Hamou a aussi cuisiné des légumes que nous partagerons. Mais repas toujours animé, Moha, notre hôte aura beaucoup d'humour comme Hamou la veille. Beaucoup de plaisanteries et on voit qu'ils ont plaisir à recevoir du monde.

Hamou me dira que l'isolement pèse beaucoup l'hiver, ils sont parfois coupés du reste du pays par une tempête de neige ou des orages diluviens qui endommagent les chemins.

Après le repas, traditionnellement on s'installe autour d'un feu et on joue au jeu des énigmes qu'il faut bien entendu deviner. Il n'y a pas de feu mais Hamou se prête au jeu avec l'épouse de Moha qui lui soumettra plusieurs énigmes ... Je vais me coucher.

Fin du trek, retour à Handour.

Au loin Amguene N'Sfia et la plaine agricole.

Après notre rituel du petit déjeuner et le chargement de la mule, nous nous mettons en route. Le ciel est bien couvert et nous aurons un peu de pluie, juste pour embêter. Nous redescendons dans la vallée, au détour du sentier, j'aperçois un village en contre-bas, c'est Amguene N'Sfia. C'est là que nous nous dirigeons, nous allons déjeuner chez un des frères d'Hamou mon guide. Le plus jeune est présent avec sa petite fille et son épouse. Il y a aussi sa belle-sœur, épouse du plus âgé absent. Repas familial puis nous reprenons la route.

En chemin, Hamou me fera part des difficultés pour faire changer les choses. Il veut développer une culture avec irrigation gouttes à gouttes pour économiser l'eau qui se fait de plus en plus rare avec la sécheresse. Mais il se heurte aux réticences de ses frères qui préfèrent une agriculture traditionnelle avec les canaux d'irrigation qui gaspillent l'eau. Les puits sont souvent recreusés ou remplacés par un forage plus profond et le coût qui en résulte.

Nous cheminons tant tôt dans le lit de la rivière, tant tôt dans les cultures qui la bordent. On s'arrête souvent pour grappiller quelques dattes, quel délice ! Je n'aurais jamais mangé autant de grenades et de dattes douces et moelleuses. Mais faute de pluie et d'entretien, les palmeraies s'étiolent.

Ayant eu un peu de pluie, Hamou me dit que c’est idéal pour les scorpions qui en général sortent pour chasser. Une petite pause dans le lit de la rivière, et en me retournant j’aperçois une bestiole sur un rocher. Un scorpion !

Un dernier petit raidillon et nous arrivons à Handour où le chauffeur, qui nous avait déposés lors du départ, est là pour nous ramener à N'Kob.

On décharge la mule et rempli la petite fourgonnette. Je dis au-revoir à notre muletier en le remerciant pour la bonne cuisine qu'il nous a concocté durant une semaine et son efficacité à diriger sa mule lors des passages difficiles. Il lui faudra deux bonnes heures pour regagner son domicile. Vraiment content d'avoir fait tout ce périple en sa compagnie, il ne parlait pas beaucoup en français, mais nous nous comprenions.

Un au-revoir à notre mule pour avoir transporter tout notre attirail sans faillir. Même si elle semblait très chargée, Hamou son maître a toujours veiller à ce que les paniers soient bien équilibrés et bien disposés sur son dos. Je ne l'ai jamais vue en difficulté, la charge étant correcte pour elle et j'avais peine à la suivre ! Ciao belle mule ...

Arrivée au gite Berber Nomade Kasbah, je rejoins ma chambre pour une bonne douche avant de ressortir pour boire un dernier verre avec Hamou.

De l'importance de faire appel aux locaux.

Ce trek a été pour moi un enchantement. Des paysages somptueux, le Saghro est sauvage et c'est un paradis pour les passionnés de géologie. Une immersion totale dans la culture nomade, prendre conscience de leurs conditions de vie, leurs coutumes. Et Hamou m'aura beaucoup donné d'explications, d'anecdotes sur la vie qu'il a passé dans le Saghro de son enfance. Il connait chaque lieu, chaque famille, chaque tribu. Parfois avec beaucoup d'émotion comme dans ce dernier campement qui était autrefois celui de sa famille. Finalement son frère a quitté les lieux pour s'installer plus bas dans le village. De son enfance loin de ses parents trop éloignés de l'école ou du lycée. De ses années à l'université d'Agadir en fac de géographie et d'histoire.

C'était un trek assez physique certains jours, mais Hamou peut très bien adapter les étapes et faire un circuit plus court. Son action auprès des nomades pour apporter un peu d'autonomie aux femmes, des écoles aux enfants, des revenus aux familles est louable et témoigne d'une grande générosité.

Privilégiez cette authenticité plutôt que ces grosses agences qui soupaient les guides et n'apportent rien aux familles nomades, vous ne serez pas déçus !

ⵜⴰⵏⵎⵎⵉⵔⵜ ⵉⵎⴷⴷⵓⴽⴰⵍ ⵉⵔⵃⵃⴰⵍⵏ, ⵙ ⵜⴰⵖⵣⵉ ⵏ ⵢⵉⵎⴰⵏ ⵉⵡⴼⴳⴰⵏ ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ.ⵜⵢⴷⴷⵓⴽⵍⴰ.

Merci mes amis nomades. Longue vie au peuple Berbère. Amitiés.

Tracé global de notre trek dans le Saghro.

Notre Trek, trajet dans le Saghro.

Vidéos de chaque étapes.

Maroc – Trois jours de randonnée dans le Djebel Saghro.

Djebel Saghro

Randonnée dans le Djebel Saghro

ⵜⴰⵏⵢⵓⴷⴷⵓⵜ ⴳ ⵉⴷⵓⵔⴰⵔ ⵏ ⵚⴰⵖⵔⵓ

Arrivée au Maroc et transfert à N'Kob.

Mimou nous accueille à Berber Nomad Kasbah.

Dès notre arrivée à Ouarzazate, un taxi envoyé par l'hôtel nous conduit à N'Kob où nous logerons à la Berber Nomad Kasbah. Mimoun nous accueille et nous visitons la petite ville de N Kob et ses nombreuses kasbah.

Le soir, notre guide Hamou, vient pour mettre au point l'itinéraire que nous suivrons et voir avec lui ce que nous devons emporter pour trois jours. Le matin, nous partons pour notre point de départ où nous attendent Zaid et Ahmed, le cuisinier et son aide de camp ainsi que leur deux mules pour porter matériel et bagages.

Le soleil brille, il fait très beau en cette fin du mois de mars mais la température est très fraîche.

 

Nous sommes accueillis par ⴰⵎⴰⴷⴰⵏ ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ (Le peuple Berbère).

Premier jour de trek.

Nous commençons notre trek conduits par Hamou tandis que nos aides, Zaid et Ahmed, partent de leur coté avec les mules.

Nous cheminons dans le lit d'une petite rivière que nous remontons à travers de belles gorges. Puis nous débouchons sur des cultures et les aiguilles du Saghro nous apparaissent au loin.

C'est le début du printemps dans le Saghro et les cultures d'orge, de luzerne verdissent le paysage. Les amandiers ne sont plus en fleur mais déjà les embryons d'amande sont présents et le reste des arbres présentent des feuilles naissantes donnant au paysage une douceur réconfortante. Îlots de verdure cernés par l'aridité des montagnes environnantes.

Hamou, notre guide au Maroc dans le Djébel Saghro.

Nous rejoignons Zaid et Ahmed qui  préparent le repas et installent la natte sur laquelle nous le prendrons. Notre cuisinier nous préparera une salade de crudité et un  tajine. Malgré la précarité de l'installation, nous ferons un bon repas équilibré et savoureux.

Nous repartons et grimpons toujours en direction du col en passant sous une grande falaise. Arrivé au col à 2200 m, nous redescendons en direction de notre campement à 1 700 m d'altitude, l'équipe logistique étant déjà arrivée et prépare le repas du soir.

La redescente du col est fabuleuse avec un panorama fantastique sous une lumière de fin de journée qui met en valeur le grès rouge des falaises.

Nous arrivons à notre campement en fin d'après-midi. Plus de 7 heures de randonnée, 18 km de parcourus avec plus de 700 m de dénivelé positif ... Belle balade !

Mais Hamou a su nous ménager, bon rythme, poses régulières et nos discussions sur la faune, la flore, les minéraux vraiment inintéressantes, un bon guide connaissant bien le Saghhro, sa région natale.

A notre arrivée au campement, le repas était en préparation, le thé nous attendait sous une tente pour nous abriter du vent mais aussi de la fraîcheur pour ne pas dire du froid. Nous montons notre tente et installons le couchage. Repas copieux et délicieux. De nouveau un thé en fin de repas. Nuit de repos dans un silence absolu car bien loin de tout village ou ville. Ciel limpide et très étoilé, pas de pollution  lumineuse, des myriades d'étoiles, merveilleux !

Second jour de trek.

Nous traversons de somptueux paysages.
Le matin au petit déjeuner.

Après une nuit de repos, nous prenons notre petit-déjeuner entourés d'un somptueux paysage. Comme pour les repas de midi et du soir, nous ne manquons vraiment de rien. Grosses crêpes, café, vache-qui-rit, confitures... Nous prenons des forces pour la suite du trek.

Nous rangeons nos affaires, refaisons nos sacs, démontons notre tente et nous nous mettons en route. Nous croisons un campement de nomades et leur troupeau de chèvres.

De notre campement, nous remontons sur un plateau pour changer de vallée.

Chemin faisant, j'observe les pierres et le Saghro est un paradis pour un géologue en herbes que je suis. Les terrains sont très âgés, entre 400 et 350 millions d'années. On y observe de beaux cristaux de cristal de roche mais aussi des nodules dont l'intérieur est rempli de cristaux ou du poudre noire très fine.

Bien que claire semée, nous sommes au printemps et de nombreuses plantes sont en fleur et ce sont adaptées à ce climat aride. Bien que la température oscille entre 6°c le matin et un peu moins de 20°c dans la journée, Hamou me dira qu'en plein été, elles atteignent facilement 40° à 45°c

Nous traversons de somptueux paysages.

Nous finissons par arriver au campement du déjeuner déjà aménagé par notre équipe logistique. A l'ombre des beaux amandiers, nous prenons notre repas au bord d'un champ d'orge. Un peu de repos puis nous repartons en suivant le cours d'une petite rivière.

Nous croisons Zaid et Ahmed sur leur mules qui se dirigent vers le campement du soir que nous atteignons en fin d'après midi.

Nous traversons de somptueux paysages.

Notre second campement est proche d'un petit village et les enfants viennent curieux d'avoir la visite d'étrangers.

Confection d'un pain à la berbère.

Zaid et Ahmed préparent déjà le repas du soir et nous assistons à la fabrication de pain cuit à la berbère sur des pierres chaudes.

Composé de farine de blé, de maïs et de semoule, Zaid pétrit énergiquement la pâte et la laisse reposer pendant qu'il prépare le foyer pour la cuisson.

Des pierres sont bien rangées, un feu est allumé dessus pour les chauffer. Puis débarrassées de la cendre, Zaid étale le pâton dessus. Avec des branches de palmier il faire cuire le dessus du pâton pour y déposer des graviers afin qu'ils n'y collent pas. Puis un feu est allumé au-dessus pour cuire le pain.

Une fois cuit, les graviers sont enlevés, la cendre balayée et le pain retiré.

Nous passons à table !

Lors de cette seconde journée de trek, nous aurons parcouru 18,8 km en 5 heures environ et nous sommes passés de 1840 m à 1 302 m d'altitude. Petite journée !

Troisième jour de trek.

Aiguilles dans le Djebel Saghro.

Après le petit déjeuner, nous reprenons notre route après avoir plié nos affaires, fait nos sacs, rangé la tente. En chemin nous rencontrons un jeune garçon qui vend de petites décorations en laine colorée, j'en ai déjà achetées plusieurs pour ma sacoche photo.

Nous empruntons le lit de la rivière avant de monter vers un plateau. De fabuleuses aiguilles rocheuses commencent à apparaître. Nous cheminons jusqu'à un camp de nomades perdu dans une immensité entourés de barres d'aiguilles magnifiques.

Hamou discute avec les femmes et nous sommes invités à boire un thé. Le mari est parti avec un fils pour travailler aux champs et les femmes s'occupent des chèvres et brebis mais aussi du linge.

Quelques photos durant la préparation du thé et j' hallucine, leur petite maison en pierres sèches est au centre d'un cirque d'aiguilles en demi cercle ouvert sur une vallée immense !

C'est la "Petite Maison dans la prairie" façon berbère, ici c'est désertique, c'est minéral, c'est vrai.

Et à la fois aussi très terrifiant de ce dire que cette famille vit ici dans un froid glacial, neige en hivers, une canicule durant tout l'été ( jusqu'à 45°c) Les femmes vont parfois loin et bas pour trouver de l'eau.

La vie doit être bien rude dans ce paradis visuel.

Un petit billet pour remercier la famille et nous repartons en direction de la grande vallée. Tout le long de ce trek, j'ai souvent le regard qui observe les pierres et terrains que nous rencontrons et je ne suis pas déçu par ce que je vois. Des granites très particuliers, des roches avec des géodes incluses, un régal !

Sur le plateau, un camp de nomades dans un paysage fabuleux.

Durant le trajet, on peu observer une immense faille où on voit bien son trajet rectiligne qui remonte la pente et ce n'est donc pas la trace de l'érosion hydrique mais bien une faille tectonique.

Des photos avec Hamou, des enclos pour bétails et bien sûr des aiguilles. Ici la pierre est d'un beau ton saumon, jaunâtre et est constituée d'un pudding (ou conglomérat) avec de gros galets inclus dans une gangue.

Nous arrivons en vue du campement du déjeuner. Zaid et Ahmed ont déjà tout préparé et lorsque nous arrivons, on nous sert un thé berbère à la menthe accompagné de cacahuètes. A la fin du repas, nous remercions et disons au-revoir à Ahmed qui rentre chez lui. Puis nous reprenons le sentier de retour.

Aiguilles dans le Djebel Saghro.

Nous finissons notre trek au même point de départ. Nous remercions Zaid et rentrons à notre hôtel en voiture.

Lors de cette troisième étape, nous avons marché 18,8 km en 5 heures en passant de 1703 m à 1380 m d'altitude. Le total de notre trek en 3 jours, 53 km. Assez content de cette merveilleuse balade dans le Saghro.

Arrivés à notre hôtel, Minoum nous dit que nous sommes invités dans la famille du propriétaire de l'hôtel pour déguster un couscous en compagnie de 5 autres clients de l’hôtel. Ambiance bon enfant, les discussions vont bons train et nous comprenons bien qu'ici nous sommes en territoire berbère et non pas arabe.

3 jours de trek, 53 Km de parcourus.

Ainsi se terminent notre séjour à N'Kob et nos trois jours de trek. Un accueil chaleureux et des paysages de folies, nous qui aimons particulièrement les contrées désertiques, ces montagnes sans végétation où la Terre est à nu et expose ses merveilles.

Le lendemain, nous repartons pour Ouarzazate et nous récupérons notre véhicule de location pour de nouvelles aventures.

Je vous invite à visionner l'autre site, celui des photos, où il y a plus de photos ainsi que des commentaires sur notre voyage au Maroc.