Tibet – La Kora du Mont Kailash.

La Kora du Mont Kailash, le pèlerinage d'une vie.

Retour au Tibet.

Om maṇi padme hūm, le mantra de la grande compassion.

Après un premier voyage au Tibet l’été 2009, où nous avions été éblouis par ce pays, ce peuple, cette culture millénaire, nous avons décidé d’y retourner l’année suivante pour un grand périple de trois semaines avec pour point d’orgue le pèlerinage du Mont Kailash.

Petite déception, nous n’aurons pas les mêmes guides et chauffeurs avec lesquels nous avions tant sympathisé. Mais nous ne serons pas déçus par ceux qui nous attendent à notre arrivée à l’aéroport de Lhassa.

Le Potala, ancienne résidence du Dalaï-lama à Lhassa au Tibet.

Il est déjà tard lorsque nous atteignons Lhassa et nous installons à l’hôtel, mais nous ne pouvons nous  empêcher d’aller voir le Potala se dresser majestueusement dans le ciel d’un bleu profond et aller tourner en compagnie des pèlerins autour du Jokhang dans le centre ville. Nous constatons de nouveau avec émotion la grande ferveur et dévotion des tibétains qui tournent inlassablement en faisant tourner leur moulin à prières d'une main ou en se prosternant tout au long du parcours.

Le Potala, ancienne résidence du Dalaï-lama à Lhassa au Tibet.

Notre hôtel étant proche du Potala, nous ne pouvons nous empêcher d'aller le saluer avant de regagner notre chambre. Avec ce ciel de nuit, il est encore plus magnifique et mystérieux.

Pendant deux jours nous resterons autour de Lhassa à visiter les monastères que nous n’avions pas vus le précédent voyage. C’est aussi pour nous acclimater à cette altitude de 3 600 m, nous qui venons du bord de mer. Notre longue route nous fera franchir des cols à plus de 5 000 m.

Départ, direction plein Ouest.

Aujourd'hui nous quittons définitivement Lhassa pour traverser d’Est en Ouest le haut plateau tibétain d’une altitude moyenne de 4500 m. Durant cette longue traversée nous verrons de splendides paysages et aurons quelques surprises comme un pont infranchissable, la perte d’une roue en roulant, l’aide pour sortir d’un bourbier des pèlerins en déshérence, nos chauffeurs et guides punis par les militaires chinois, un trajet se prolongeant tard dans la nuit complètement perdus parmi les routes en travaux.

Le Tibet nous a réservé bien des émotions, pas toujours agréables. Soupe avariée, toilettes d’une puanteur cadavérique, hôtels d’état  à la propreté douteuse où tout est déglingué.

En compagnie de notre guide Tempa (à gauche) et chauffeur Sampa (à droite).

Mais nous étions au Tibet, accompagnés d’un chauffeur et d’un guide tibétain et très rapidement des liens se sont tissés entre nous et une confiance mutuelle a scellé notre amitié.

Le départ à la fin de notre séjour a été très chargé en émotion. Que vont ils devenir, nous ne le saurons pas car la censure interdit les échanges de mail. Quand on peut en envoyer, on se rend compte qu'il est formaté "Tout va bien" De plus nous resterons très discrets pour surtout ne pas leur attirer d'ennuis. La répression est terrible, dix ans de prisons pour posséder une image du Dalaï-lama avec torture en prime.

La ville de Lhassa est peu à peu envahie par les chinois et les tibétains deviennent minoritaires dans leur pays. Depuis que la ligne de train rapide arrive au Tibet, ce phénomène ne fait que s'amplifier.

Notre guide, Tempa et notre chauffeur, Sampa, tous deux tibétains. Nous aurons l'occasion de revoir Tempa lors d'un troisième voyage au Tibet en novembre 2012.

Retrouvailles empruntes d'une grande émotion comme lorsque nous nous étions quittés car une grande complicité s'était établie entre nous. Je me souviens d'une soirée où nous avions bu pas mal de bières et nous avons ri aux larmes de nos pitreries. Tempa et Sampa ne se connaissaient pas avant ce voyage et pour eux aussi une grande complicité s'est établie entre eux à la fin de ce parcours.

En compagnie de notre guide Tempa (à gauche) et chauffeur Sampa (à droite).
Tempa et Sampa déposent à un col une banderole en offrande.

Grand contraste entre Lhassa très peuplée où nous déambulions parmi la foule et cette grande traversée du haut plateau tibétain quasi désertique avec quelques nomades rencontrés au hasard de notre route. Quelques habitations isolées ou des campements nomades perdus en plein désert. Les enfants qui devaient à notre rencontre et auxquels nous offrions quelques ballons. Nous sommes aussi allés boire un thé au beurre plusieurs fois chez certains habitants quand notre chauffeur voulait avoir des renseignements sur la route.

Au départ de Lhassa, nous avons déjeuné dans un restaurant. Le lendemain notre guide nous dit qu'on va s'arrêter pour déjeuner. Mais nous n'avons rien prévu.

C'est comme ça que nous avons partagé le repas de Tempa et Sampa. La fameuse Tsampa, la bouillie (ou pâte) de farine d'orge grillé délayée dans le thé au beurre de yak et du fromage de yak. Sampa dépose la farine et le fromage sur une peau fine et circulaire. Il referme la peau, secoue pour tout bien mélangé, ouvre la poche pour rajouter le thé au beurre referme et secoue, remue jusqu'à obtenir une pâte style sablée. Il nous en distribue des morceaux que nous accompagnons de thé au beurre en mangeant des pattes de poulet en conserve.

Tsampa pour notre repas et thé au beurre de yak.

A partir du lendemain, nous avons remplacé les pattes de poulet par des cuisses et quelques petits gâteaux achetés dans les villes que nous atteignions le soir pour aller à l'hôtel. A cette époque, le Tibet était en travaux. Construction de routes de toute part et parfois nous nous sommes arrêtés dans de petits restaurants de chantier abrités sous une tente au contact des ouvrières et ouvriers tibétains qui venaient se reposer et se réchauffer quelques instants.

Darchen.

 

Nous arrivons à Darchen en fin d’après-midi après 1 400 km de piste depuis Lhassa et allons nous installer dans un hôtel.

Cette petite bourgade est le point de départ du pèlerinage, la Kora du mont Kailash.

Nous commençons par nous installer à l'hôtel.

La bourgade de Darchen, point de départ de la Kora du Mont Kailash.
Le Mont Kailash.

Cette montagne sacrée est vénérée par les Bouddhistes, mais aussi les Böns (prononcer beun) les  Hindous et les Jains. Nous avons la chance de ne pas être en période de pleine lune ce qui limite les Hindous qui viennent par centaines, parfois plus de deux mille. Notre pèlerinage en sera plus clément et pour nous plus authentique.

Pour les Bouddhistes le mont Kailash est la demeure de Chenresig, le Bouddha de la compassion. Pour les Hindous il est le mont Meru, le centre du monde et la demeure de Shiva. Pour les Jains il est le mont Ashtapada où Rishabhadeva, fondateur de leur foi, atteignit le nirvana. Pour les Böns c’est la demeure de la déesse Sipaimen.

Tempa, notre guide, nous dit que nous allons rencontrer notre porteur et il faut préparer le sac à lui confier.

Nous trions donc les affaires qui nous serons nécessaires pour les trois jours de pèlerinage puis allons porter ce sac au porteur.

Surprise, le porteur est une femme et nous sommes honteux de faire porter par une femme notre sac. Mais Tempa nous dira qu’elle est habituée à porter ainsi les sacs des voyageurs et que c’est son gagne-pain.

Donc Sondja inspecte notre sac, discute en tibétain avec Tempa puis repart. Tempa nous dira que notre sac n’est pas très pratique à porter.

Notre porteuse, Sondja.
Les rues de Darshen quasi déserte. Quelques touristes seulement et les locaux qui jouent au billard.

Les rues de Darchen sont clairsemées, pas beaucoup de touristes.

Les locaux jouent au billard en pleine rue en buvant des bières. Nous dinons puis allons nous coucher.

Notre chambre donne coté toilettes et l’odeur est épouvantable, nous finissons par nous endormir.

Départ de Darshen.

Réveil tôt le matin, c’est le grand jour, nous partons faire la Kora! Nuit un peu agitée. Un peu inquiets tout de même car nous démarrons à 4 400 m d’altitude et un col à 5 600 m nous attend.

Tempa nous propose d’aller en voiture jusqu’à l’entrée de la vallée pour gagner 8 km sur le parcour.

Mais nous préférons partir de Darchen pour un parcours plus authentique. C'est aussi ce qui a plu à Tempa.

Départ de notre hôtel à Darchen. Sondja porte notre sac.
Les enfants de Sondja a qui nous avons offert des ballons avant notre départ.

Nous passons par la maison de Sondja et là elle transfère toutes nos affaires dans un sac de riz qu’elle portera dans le dos maintenu par une bandoulière.

C’est la façon traditionnelle de porter des charges et nous nous mettons en chemin après avoir dit au-revoir à ses enfants à qui nous avons offert quelques ballons.

La maison de Sondja est très modeste mais bien décorées, le plus pur style tibétains. C'est joyeux, intrigant et très colorés.

Ces enfants sont bien habillés et Sondja travaille toute la saison touristique.

Le sentier grimpe doucement vers l’entrée de la vallée de la Lha-chu, nous faisons une première halte au niveau d’un shorten décoré de drapeaux de prière.

La vue sur la chaîne de l’Himalaya est splendide et derrière nous, le sommet du Kailash pointe dans le ciel bleu.

Premier arrêt, le Mont Kailash est en vue.
Les pèlerins tibétains sur la Kora du Kailash.

Nous ne sommes pas seuls, de nombreux tibétains font eux aussi la Kora. C’est un moment très important dans leur vie spirituelle.

La Kora est un effort considérable tant physique que psychique et permet  d’acquérir des mérites pour espérer une meilleure renaissance dans le cycle des réincarnations.

Les pèlerins ont revêtus des habits traditionnels d’apparat, les femmes arborent des bijoux et des pierres précieuses dans leur coiffure.

Ils transportent leurs bagages à dos de mulet, cheval ou de yak. L’ambiance est détendue, de fête car c’est le début du pèlerinage.

Yaks accompagnant un pèlerin pour sa Kora.
Au début de notre Kora, nous sommes à Tarboche.

Nous cheminons tranquillement, le sentier grimpe progressivement et cette ascension n’est pas difficile.

Nous arrivons à Tarboche où se dresse un grand mat de prières et Tempa nous expliquera qu’au printemps se déroule la fête de Sagadawa qui commémore l’illumination de Bouddha.

Sondja et Ludo main dans la main pour affronter le chemin de la Kora.

Au bout de quelques kilomètres Sondja s’empare du bâton  de marche de Ludo puis lui prend la main et je les vois repartir sur le sentier main dans la main. Ils effectueront ainsi la Kora, l'un proche de l’autre.

Nous avons confié à Tempa un petit appareil photo et lui avons demandé de prendre quelques photos des pèlerins car nous n’osons pas le faire pour ne pas les déranger. Lui saura le moment opportun pour faire ces clichés.

Nous progressons dans la vallée, elle se resserre et le sommet du Kailash est juste au-dessus de nous.

Sa masse est imposante, énorme pyramide de roche sombre couronnée d’un glacier dont la neige tranche avec la pierre.

Nous progressons bien sur le chemin de la Kora. Le Kailash juste au-dessus de nous.
Petite halte pour un thé au beurre avec Tempa et Sondja.

Nous faisons une pause sous une tente qui peut héberger des pèlerins mais aussi nous désaltérer.

Le propriétaire propose du thé au beurre de yak ou nature, nous l’accompagnerons de petits gâteaux.

Après cette halte, nous reprenons notre route et croisons un groupe de Böns qui marchent dans le sens inverse.

Pour eux c’est presque l’arrivée, alors que pour nous ce n’est que le commencement.

Les paysages qui nous entourent sont grandioses et je scrute les montagnes pour reconnaitre la nature de leurs roches tout en profitant de la quiétude de cette nature trompeuse.

Après environ six heures de marche nous arrivons au monastère de Dira-puk situé à 5060 m sur la rive droite de la Lha-chu.

Ces vingt-quatre premiers kilomètres auront été assez faciles. Nous étions bien acclimatés à l’altitude et avons marché tranquillement.

Nous irons dormir dans l’hostellerie du monastère de Dira-puk où on trouve quelques chambres au confort sommaire pourvues de plusieurs lits.

Nous passerons la fin de l’après-midi à nous reposer, explorer les environs, visiter le temple et sa grotte, rencontrer le moine dépositaire des lieux que connait Tempa.

Le temple se situe face au Kailash, Tempa nous le fera visiter de fond en comble ayant les clés données par le moine.

Hostellerie du monastère de Dira-puk, confort sommaire mais repos récupérateur.
Hostellerie du monastère de Dira-puk, quelques touristes.
Sur le toit du monastère de Dira-puk en compagnie du moine.

Il y a peu de touristes, presque aucun Hindous et les lieux sont vraiment très calmes.

Nous discuterons avec quelques touristes dont une française et prendrons une bière. Ici aussi il y a un billard en plein air et Tempa fera une partie en compagnie d’autres jeunes tibétains.

Nous nous reposons après cette première journée de marche.
Nous nous reposons après cette première journée de marche.
Et nous terminons cette journée par une petite mousse.

Le jour décline et une jolie teinte chaude enveloppe les sommets et j’en profite pour aller faire quelques photos en solitaire loin de l’agitation.

Le Mont Kailash vu du monastère de Dira-puk.
Ludo profite de cette quiétude.
Un jeune pèlerin curieux de voir des occidentaux en ces lieux.
Les yaks de trait se reposent, le jour décline.
Le mont Kailash se pare de jolies couleurs chaudes lors du coucher de soleil.

Nous dînons en puisant dans notre sac transporté par Sondja puis irons nous coucher.

Second jour de notre Kora.

Départ de nuit pour notre seconde étape, le mont Kailash dans la pénombre.

 

Au second jour de notre Kora, nous nous levons très tôt, bien avant le lever de soleil. Petit déjeuner où Tempa nous engage à prendre des forces pour le chemin à venir puis nous mettons en marche dans la nuit.

Le chemin est identique à celui de la veille, il grimpe doucement.

Mais je suis anxieux car un col à 5 600 m nous attend.

Tempa a emporté avec lui une petite bouteille d’oxygène au cas où nous en aurions besoin.

Nous partons donc d’une altitude de 5 060 m et devons gravir 600 m de dénivelé.

Nous entamons le raidillon qui mène au col de Drölma-la.
Le raidillon qui mène au col de Drölma-la, le souffle est un peu court.

Le soleil se lève et mon anxiété fait place à une grande exaltation, nous sommes près du but.

Nous arrivons au pied du raidillon qui grimpe jusqu'au col de Drölma-la.

Le rythme est plus lent, chaque pas est mesuré, anticipé car maintenant je ressens vraiment que l’air est plus tenu, plus rare.

Durant cette montée, nous passons devant une grande pierre plate suivie d’un petit cimetière. Avant de venir faire cette Kora, j’avais lu quelques récits et je reconnais ces cimetières des pèlerins morts en cours de route ce qui ne me rassure pas du tout.

Mais je comprends que ce sont essentiellement les pèlerins Hindous qui succombent à l’altitude car ils viennent d’un pays peu élevé, ne sont pas du tout sportifs et ont acheté tout leur équipement sur la route qui remonte du Népal, en témoignent leur baskets toute neuves.

Pendant l’ascension, Tempa utilisera la bouteille d’oxygène pour soulager quelques vieilles tibétaines à la peine.

Je suis admiratif de ces vielles femmes qui font encore ce pèlerinage malgré leur âge.

Les tibétains sont habitués à l’altitude, leur corps la supporte bien mieux que nous.

Le jour se lève illuminant le Mont Kailash.
L'inscription du haut est un mantra. Celui du bas est "Om maṇi padme hūm"

Malgré ce sentier pentu et tortueux, nous croisons quelques pèlerins qui effectuent la kora en s’allongeant de tout leur long puis se relevant, marchant la longueur de leur corps pour s’allonger de nouveau.

Pour eux, se prosterner,  cette pratique exténuante, leur permet d’acquérir  encore plus de mérites. Ils sont vêtus d’un épais tablier pour amortir les pierres quand ils s’allongent.

Faire la Kora en se prosternant équivaut à vingt Kora ordinaires et quand on arrive à 108, on gagne directement le nirvana. Donc il nous en restera 107 !

Au détour du sentier nous voyons les premiers drapeaux de prières ce qui signifie que nous arrivons au point culminant de la Kora, le col de Drölma-la à 5 650 m.

Finalement ce n’était pas si difficile que ça et je m’en veux d’avoir douté de ma condition physique.

De son côté Tempa nous dira qu’il est très agréablement surpris par notre ascension et pensait que nous mettrions beaucoup plus de temps pour arriver au col.

Arrivée au col de Drölma-la à 5 650 m.
Le col de Drölma-la 5 650 m, nous sommes fiers de nous.

Les pèlerins font une longue halte au col et nous accueillent par des « tashi délé » (bonjour).

Ceux qui arrivent au col crient « Ki ki so so laghyalo » (les Dieux sont victorieux, je suis parvenu au col).

Prières, offrandes, tout le monde fête cette arrivée au point culminant de leur parcours et se restaurent avant de reprendre le sentier.

La fierté d'être parvenu à une telle altitude, merci Sondja.
Au col de Drölma-la, encore une petite photo pour immortaliser cet instant.

L’ambiance est très conviviale, on retrouve toutes les générations de tibétains qui se restaurent, se rencontrent, discutent. C’est un peu irréel à cette altitude.

Au col de Drölma-la, moment de repos, de recueillement, de prières.
Au col de Drölma-la, les pèlerins font des offrandes.

Parmi les offrandes, de la farine d’orge grillée (base de la Stampa), des poudres d’herbes odorantes qu’ils font brûler et cela embaume tout l’air environnant.

Mais aussi de nouvelles guirlandes de drapeaux de prières qu’ils déploient et installent. Le sol en est recouvert.

Tempa est fier de nous, il est surpris de notre rapidité à gravir ce col.
Sondja et son amie.

Nous ferons plusieurs photos pour immortaliser cet instant en compagnie de Sondja et Tempa et une amie de Sondja.

Nous allions prendre le sentier pour redescendre l’autre versant quand Tempa nous dit que puisque nous avons aussi bien marché jusqu’au col en peu de temps, nous pourrions faire le reste de la Kora en une seule étape au lieu de deux.

L’étape intermédiaire ne présentant que peu d’intérêt et cela nous fera gagner une journée dans notre périple.

Nous acceptons sans penser à ce qui nous attend.

Chemin faisant, nous croisons des Böns, les femmes portent leurs parures composées de turquoise, corail rouge, coquillage.

Elles ont leur costume traditionnel avec invariablement le tablier au tissu rayé.

Tempa ayant dit que j’étais médecin, tout le monde me demande des médicaments et je distribue des comprimés de paracétamol jusqu’à épuisement de mon stock. Tempa me conseille de ne pas leur en donner de grosses quantités car ils vont prendre tout d'un coup !

Après le col de Drölma-la, la vallée de la Lam-chu Khir par laquelle nous redescendons.
Un groupe de femmes Bön qui montent vers le col.
Un tibétain en costume traditionnel.
Juste après le col de Drölma-la, un petit lac glacière.
Un couple de tibétains. Le mari égraine son chapelet. Madame avec le tablier et la parure sur ses cheveux.

Nous continuons notre périple par la vallée de la Lam-chu Khir.

Prairies verdoyantes qui contrastent avec les roches nues et acérées des montagnes qui la bordent.

Nous avons beaucoup de chance car très peu d’Hindous, presque uniquement des tibétains ce qui fait que notre Kora en sera plus authentique.

Nous ferons une halte pour déjeuner et nous reposer car le chemin est long.

Le temps est très variable mais la pluie n’est pas loin et nous ne ralentissons pour arriver à Darchen, nous passons par le monastère de Zuthl-puk sans nous arrêter puis par les gorges de la Dzong-chu.

Un arrêt bien venu pour pique-niquer et nous reposer un peu.
Sondja attend Ludo pour repartir.

Sondja attend systématiquement Ludo lorsqu’il s’arrête prendre quelques photos.

Le gamin rencontré au monastère de Dira-puk nous rejoint et je lui donne quelques ballons.

Je retrouve le gamin du monastère de Dira-puk.

Dernière ligne droite, nous cheminons dans la plaine de Darchen.

Nous sommes vraiment fatigués et nous languissons d’arriver au but.

Cette plaine est interminable et lorsque Darchen est en vue cela nous donne du courage pour arriver à la fin de notre Kora.

Le début des gorges de la Dzong-chu.

Après les gorges de Dzong-chu, nous entamons la longue plaine qui mène à Darchen.

Nous arrivons à Darchen vers dix-huit heures trente complètement exténués, marchant de façon automatique sans s’arrêter car pas sûr de pouvoir repartir.

Le tibétains nous dépassent sur le sentier vers Darchen.
Le descente vers Darchen. La route est longue, très longue !

Tempa nous conduit à notre hôtel pour récupérer nos bagages, nous remercions chaleureusement Sondja et lui offrons ce qu’il reste de nos vivres, la prenons dans nos bras mais ce n’est pas dans leur culture et nous la sentons gênée.

Ludo et moi garderons un souvenir impérissable de cette femme courageuse qui incarne le peuple tibétain et qui l'a accompagné durant toute cette Kora.

Nous sommes exténués, des zombies, nous marchons de façon automatique. Mais nous l'avons faite cette Kora, ces 32 km de retour à Darchen ont été vraiment difficiles pour nous. Que dire de ces tibétains qui la font en une journée et de ceux qui la font en se prosternant sur plusieurs jours !

Le lac Manasarovar .

Visite du monastère de Chiu gompa en compagnie de Tempa.

Nous partons à quelques kilomètres de là, sur les berges du lac Manasarovar où un hôtel est réservé, l’hôtellerie du monastère de Chiu.

Nous en profiterons pour nous reposer de cette longue marche en altitude.

Cela nous permet de revenir sur cette Kora du mont Kailash.

56 km de marche, 1000 m de dénivelé, un col à 5 650 m le tout en deux jours à altitude moyenne de 5 000 m.

Mais aussi toutes ces rencontres, ces pèlerins à la foi inébranlable qui font cette Kora en une journée ou bien en se prosternant ou encore en famille.

On touche là du doigt la culture tibétaine et le bouddhisme qui fait partie intégrante de leur vie.

Sur les rives du lac Manasarovar, nous ne ferons pas de Kora même si on peut faire le tour de ce lac sacré en trois jours. (80 km tout de même !)

Nous reprendrons des forces pour la fin du voyage en visitant le monastère de Chiu et logerons dans le refuge juste à côté.

Monastère de Chiu gompa, pierres avec des mantras.
Monastère de Chiu gompa avec le mont Kailash en fond.

Nous arrivons en fin d'après-midi dans l’hôtellerie du monastère de Chiu. Nous nous reposerons car les jambes ne peuvent plus nous porter.

Soirée en compagnie de Tempa et Sampa où nous boirons pas mal de bières.

Le lac Manasarovar se situe à 4 590 m d’altitude, il est voisin du lac Rakshatal (4 575 m). Le Manasarovar fait 20 km de large et 80 km de circonférence. Le Sutlej, le Brahmapoutre, l’Indus et le Karnali prennent leur source dans ses environs.

C’est un lac sacré pour les bouddhistes tibétains, les böns, les jaïns et les hindous.

Pour les bouddhistes tibétains, il représente les eaux primordiales de l’univers, et plusieurs pèlerins en font également le tour. Tout autour du lac se trouvent plusieurs monastères.

Monastère de Chiu gompa avec le Mont Kailash en fond.
Le lac Manasarovar et le monastère de Chiu gompa.

Nous passons une journée entière à nous reposer sur les bords de ce lac sacré Nous visiterons le monastère de Chiu gompa et les environs de l'hôtellerie.

Le lac sacré de Manasarovar à 4 590 m d'altitude.

Le lac Manasarovar est une des plus grandes réserves d'eau douce du monde. 90 m de profondeur et 395 Km2. Dans ses environs prennent naissance les plus grands fleuve d'Asie.

Le monastère de Chiu gompa et le mont Kailash en fond.
Des pèlerins qui font la Kora du Manasarovar.

Le monastère de Chiu gompa est une halte dans le pèlerinage autour du lac Manasarovar.

Nous retrouvons les pèlerins avec leurs motos chinoises très robustes dans cet environnement hostile.

Les femmes en tenues traditionnelles, les hommes généralement habillés à l'occidentale.

Nous passerons la journée à nous promener autour du monastère et sur les bord du lac. Rencontre avec des enfants, des pèlerins et repos dans le restaurant de l'hôtellerie.

Les enfants tibétains.

Nous passerons du temps en compagnie de Tempa et Sampa mais irons aussi nous balader sur les rives du lac.

En fin d'après-midi, un énorme orage se forme vers le mont Kailash et se dirige vers nous. Nous faisons de nombreuses photos avant d'aller vite nous mettre à l'abri lorsque le déluge commence !

Tempa a revêtu le manteau traditionnel nomade et pavoise peu fier !

Nous passerons notre dernière soirée dans ce restaurant en compagnie de Tempa et Sampa.

Sampa ne parle pas anglais mais nous arrivons bien à nous comprendre et nous aurons de nombreux fou-rires en faisant des pitreries.

Tempa essaiera ce manteau traditionnel des nomades, manteau que nous aurons vu souvent chez les pèlerins lors de notre Kora.

Le lendemain nous nous levons avant le soleil ( cinq heures) car nous avons une très longue route. Finalement étant partis à six heures du matin, nous arriverons dans la ville étape à plus de une heure du matin complètement abasourdis par ce voyage dantesque.

Perte d'une roue, route barrée pour tir de mines, humiliation par les militaires chinois car nous avons roulé sur une route toute neuve au goudron encore chaud, complètement perdus au milieu des routes défoncées en construction et pour finir le restaurant de l'hôtel nous sert une soupe avariées.

Très dure journée ! Pour nous mais surtout pour Sampa, admiration.

Départ pour Zhangmu.

Tempa et Sampa ne se connaissaient pas avant notre départ. En trois semaines, une grande complicité s'est établie entre eux. Etant tous deux tibétains, ils nous auront fait profiter de la connaissance de leur pays, de leurs coutumes et rencontrer quelques nomades pour boire un bol de thé au beurre avec eux.

Nous poursuivrons notre retour deux jours durant en direction de la frontière Népalaise. Nous laisserons Tempa et Sampa à Zhangmu, ville frontalière, et traverserons le « Pont de l'Amitié » et tirant notre valise des larmes plein les yeux de quitter des amis chers dont on n'aura certainement jamais plus de nouvelles.

Nous déciderons, deux ans plus tard, de retourner voir le Tibet en plein hiver et insisterons auprès de notre agence pour avoir les mêmes guides et chauffeur.

Nous retrouverons avec émotions Tempa qui nous guidera durant cinq jours au travers des monastères et temples perdus dans les montagnes enneigées et glaciales.

Il nous donnera des nouvelles de Sampa qui ne fait plus chauffeur pour touristes mais plutôt de gros camions.

 

La grande complicité entre Tempa et Sampa. « N'aurais-tu pas un peu grossi Sampa ! »

Retour sur notre aventure.

Le Mont Kailash.

Cet article est pour moi une façon de les remercier et de leur rendre hommage. Il y a bien longtemps que je n'ai plus aucun mail de Sempa. Aux dernières nouvelles, il n'était plus guide car pas assez de touristes et travaillait dans un restaurant comme sa femme.

Leur conditions sont précaires et c'est une lutte perpétuelle pour survivre dans leur pays où ils sont devenus minoritaires.

 

Cette grande traversée du haut plateau tibétain avec la Kora du Kailash pour point d'orgue aura été le voyage d'une vie. Des paysages fantastiques, une minéralogie et géologie extraordinaire, même si je n'ai que quelques notions, des monastères et temples somptueux. Je n'ai pas parlé des fresque, peintures, sculptures dans les temples, des Bouddha se dressant dans chacun d'eux ... (peut être un prochain article)

L'épreuve que nous avons traversée en faisant la Kora du Mont Kailash, a été source d'une grande joie teintée d'humilité et fierté. Humbles car nous ne sommes que poussière face à l'immensité du Mont Kailash, centre du monde, demeure des Dieux. Fierté de l'avoir fait, d'avoir la santé et les conditions physiques pour réaliser ce pèlerinage en haute altitude. Et joie d'être si bien accueillis par ce peuple tibétain que nous garderons à jamais dans nos cœurs.

Les images de ces trois voyages son à voir sur mon site des photos de voyage  Tibet.

 

Pèlerins se prosternant devant le Jokhang à Lhassa.

Pour ces trois voyages, nous sommes passés par l'agence Asie Online que nous vous recommandons pour leur professionnalisme.

Montagne d'exception, lisez l'article consacré au Mont Kailash.

Groupe de jeunes tibétains refaisant le toit dans un monastère au rythme de leurs chants et martèlement de la pierre au bout du bâton.